Balder Ex-Libris - CélineReview of books rare and missing2024-03-16T01:56:42+00:00urn:md5:aa728a70505b2fae05796923271581c2DotclearCéline - Guerreurn:md5:782c6c2a750bd73e3e6b0ce9c9dec9942020-05-17T01:47:00+01:002022-05-17T00:48:32+01:00balderCélinePremière guerre mondialeRoman <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Celine_-_Guerre.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Guerre</strong><br />
Année : 19**<br />
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J’ai bien dû rester là encore une partie de la nuit suivante. Toute l’oreille à gauche était collée par terre avec du sang, la bouche aussi. Entre les deux y avait un bruit immense. J’ai dormi dans ce bruit et puis il a plu, de pluie bien serrée. Kersuzon à côté était tout lourd tendu sous l’eau. J’ai remué un bras vers son corps. J’ai touché. L’autre je pouvais plus. Je ne savais pas où il était l’autre bras. Il était monté en l’air très haut, il tourbillonnait dans l’espace et puis il redescendait me tirer sur l’épaule, dans le cru de la viande. Ça me faisait gueuler un bon coup chaque fois et puis c’était pire. Après j’arrivais à faire moins de bruit, avec mon cri toujours, que l’horreur de boucan qui défonçait la tête, l’intérieur comme un train. Ça ne servait à rien de se révolter. C’est la première fois dans cette mélasse pleine d’obus qui passaient en sifflant que j’ai dormi, dans tout le bruit qu’on a voulu, sans tout à fait perdre conscience, c’est-à-dire dans l’horreur en somme. Sauf pendant les heures où on m’a opéré, j’ai plus jamais perdu tout à fait conscience. J’ai toujours dormi ainsi dans le bruit atroce depuis décembre 14. J’ai attrapé la guerre dans ma tête. Elle est enfermée dans ma tête. Bien. Je disais donc qu’au milieu de la nuit, je me suis retourné sur mon ventre. Ça allait. J’ai appris à faire la différence entre les bruits du dehors et les bruits qui ne me quitteraient plus jamais. Question de souffrir, je dégustais aussi en plein à l’épaule et au genou. Tout de même je me suis remis debout. J’avais faim quand même au fond de tout. <strong>...</strong></p>Céline - Février 1944 La prophétie de Louis-Ferdinand Célineurn:md5:00f9cd0e31c15ed9999e1daaf945f95e2018-07-02T10:09:00+01:002021-07-02T09:37:08+01:00balderCélineAllemagneBolchéviqueFranceFührerHébraïsmeRussieSeconde guerre mondialeÉtats-Unis <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Celine_-_Fevrier_1944_La_prophetie_de_Louis-Ferdinand_Celine.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Février 1944 La prophétie de Louis-Ferdinand Céline</strong><br />
Année : 1944<br />
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Lien de téléchargement : <a href="https://balderexlibris.com/public/ebook3/Celine_-_Fevrier_1944_La_prophetie_de_Louis-Ferdinand_Celine.zip">Celine_-_Fevrier_1944_La_prophetie_de_Louis-Ferdinand_Celine.zip</a><br />
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C’est une scène d’anthologie, digne des « tontons flingueurs » : Benoist-Méchin (secrétaire d’Etat dans le régime de Vichy), Drieu La Rochelle, Louis-Ferdinand Céline (écrivains français) et un ami de ce dernier (Gen Paul, artiste-peintre) se trouvent dans les locaux de l’ambassade d’Allemagne à Paris, en février 1944. Les quatre Français ont été invités à dîner par l’ambassadeur allemand, Otto Abetz, et la conversation aborde les sujets politiques. Abetz essaye de convaincre les Français que les reculs allemands ne sont que momentanés : « Nous reculons pas à pas en nous cramponnant au terrain… chaque minute ainsi gagnée est utilisée au maximum (…) Les usines tournent à plein… notre production de guerre augmente d’une façon vertigineuse… cette augmentation n’est pas seulement quantitative, mais qualitative. Nos nouveaux chars Super-Tigre surclassent de loin les T-34 russes et les Sherman américains. En ce qui concerne l’aviation, notre supériorité est plus grande encore ». – « C’est la forge des Nibelungen ! », remarque Drieu, mi-ironique. Abetz, un peu vexé, continue à développer ses arguments techniques et fait allusion aux « armes nouvelles ». A ce moment Benoist-Méchin décrit L-F. Céline, qui se trouve assis juste en face de lui. <strong>...</strong></p>Céline - Rigodonurn:md5:29401942263581ecb14769b37adb4bc22018-01-21T15:16:00+00:002021-12-09T02:31:21+00:00balderCélineAllemagneCIAConspiracyDanemarkEugenicsEuropeEx-LibrisFranceIsraëlJapanProtestantRomanSeconde guerre mondialeUnited States <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Celine_-_Rigodon.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Rigodon</strong><br />
Année : 1961<br />
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Je vois bien que Poulet me boude… Poulet Robert condamné à mort… il parle plus de moi dans ses rubriques… autrefois j’étais le grand ceci… l’incomparable cela… maintenant à peine un petit mot accidentel assez méprisant. Je sais d’où ça vient, qu’on s’est engueulé… à la fin il m’emmerdait à tourner autour du pot !… vous êtes sûr que vos convictions ne vous ramènent pas à Dieu ! <strong>...</strong></p>Céline - L'Egliseurn:md5:4e8f47fc4e954e50a71724681c33c2732016-07-15T07:30:00+01:002016-07-15T06:36:11+01:00balderCélineEuropeFrancePremière guerre mondialeThéâtreUnited StatesWoman <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img3/Celine_-_L_Eglise.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>L'Eglise</strong><br />
Année : 1933<br />
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Préface. Dix ans qui viennent de passer... La pièce que vous allez lire nous vieillit d’autant... Pourtant nous n’avons pas changé grand’chose en la donnant hier à l’imprimeur... Tout de même... Cette petite Janine qui se résignait alors, nous l’avons fait revenir... avec un revolver... Trois lignes, tout à fait à la fin... Vous verrez... Elle va brutaliser notre comédie... Pourquoi ? Est-ce là tout ce que nous avons appris en dix ans ?... Mais vous-même ? L.-F. C.. <strong>...</strong></p>Céline - Semmelweisurn:md5:a0abe13b8f97cc8e402ad549ccffee072016-07-15T07:28:00+01:002016-07-15T06:36:11+01:00balderCélineEuropeFranceUnited StatesWoman <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img3/Celine_-_Semmelweis.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Semmelweis</strong><br />
Année : 19**<br />
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Lien de téléchargement : <a href="https://balderexlibris.com/public/ebook2/Celine_-_Semmelweis.zip">Celine_-_Semmelweis.zip</a><br />
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Louis-Ferdinand Destouches est né à Courbevoie le 27 mai 1894, de Fernand Destouches, employé d'assurances originaire du Havre, et de Marguerite Guillou, commerçante. Son grand-père, Auguste Destouches, avait été professeur agrégé au lycée du Havre. Son enfance se passe à Paris, passage Choiseul. Il fréquente les écoles communales du square Louvois et de la rue d'Argenteuil, ainsi que l'école Saint-Joseph des Tuileries. Nanti de son certificat d'études, il effectue des séjours en Allemagne et en Angleterre, avant d'entreprendre son apprentissage chez plusieurs bijoutiers à Paris et à Nice. Il s'engage en 1912 au 12e régiment de Cuirassiers en garnison à Rambouillet. Une blessure dans les Flandres, en 1914, lui vaut la médaille militaire et une invalidité à 70 %. Après un séjour à Londres, il est engagé comme agent commercial dans l'ancienne colonie allemande du Cameroun en 1916. Atteint de paludisme, il rentre en France en 1917, passe son baccalauréat en 1919, puis fait ses études de médecine à Rennes et à Paris et soutient sa thèse en 1924. De 1924 à 1928 il travaille à la Société des Nations, qui l'envoie aux États-Unis et en Afrique de l'Ouest. À partir de 1927, il est médecin dans un dispensaire à Clichy. En 1932, il publie Voyage au bout de la nuit sous le pseudonyme de Céline et reçoit le prix Théophraste-Renaudot. <strong>...</strong></p>Céline - Progrèsurn:md5:13525735076b91ff81a7ee88e38545542016-07-15T07:16:00+01:002016-07-15T06:36:11+01:00balderCélineEuropeFranceThéâtreUnited StatesWoman <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img3/Celine_-_Progres.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Progrès</strong><br />
Année : 1927<br />
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Note de l'Éditeur. Madame Cécile Robert Denoël, la veuve de l’éditeur de Voyage au bout de la nuit, a bien voulu confier le manuscrit de ce texte que Céline lui-même lui avait offert au début de l’année 1933. Il s’agit d’un double dactylographique de cinquante-cinq feuillets numérotés de 2 à 54 sous couverture cartonnée et lacée. La page de couverture porte de la main de Céline le mot « Périclès », barré de trois traits transversaux et corrigé à côté en « Progrès ». En bas de page et à droite, sur deux lignes on peut lire : « Louis Destouches / 35 rue Vernet ». <strong>...</strong></p>Céline - Pamphletsurn:md5:67cf8ce1dd5621c64838416f1a345f302016-07-15T07:12:00+01:002022-10-11T01:23:18+01:00balderCélineCeltesCivilizationsEncyclopediaEuropeEx-LibrisFrance <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img3/Celine_-_Pamphlets.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Pamphlets</strong><br />
Année : 19**<br />
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Hommage à Zola (1933). Mea Culpa (1936). Bagatelles pour un massacre (1937). L’école des cadavres (1938). Les beaux draps (1941). A l'agité du bocal (1948). <strong>...</strong></p>Céline - Nordurn:md5:18bc815df5b2e84049fcb7844610aba32016-07-15T07:08:00+01:002021-12-12T17:41:48+00:00balderCélineAllemagneConspiracyEx-LibrisFranceJewRomanSeconde guerre mondiale <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img3/Celine_-_Nord.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Nord</strong><br />
Année : 1960<br />
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Né en 1894 à Courbevoie, près de Paris, Louis-Ferdinand Céline (pseudonyme de L.-F. Destouches) prépare seul son baccalauréat tout en travaillant. Engagé en 1912, il fut gravement blessé en novembre 1914. Invalide à 75 % et réformé, il fut envoyé au Cameroun (1916), puis à Londres (1917). Après la Victoire il fit des études de médecine, puis accomplit des missions en Afrique et aux États-Unis pour le compte de la Société des Nations. De retour en France, il exerça la médecine dans la banlieue parisienne et publia en 1932 son premier ouvrage Voyage au bout de la nuit, suivi, en 1936, de Mort à crédit. De 1944 à 1951 Céline, exilé, vécut en Allemagne et au Danemark. Revenu en France il s'installa à Meudon où il poursuivit son oeuvre (D'un château l'autre, Nord, Rigodon) et continua à soigner essentiellement les pauvres. Il mourut en 1961. <strong>...</strong></p>Céline - Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maître Mikkelsenurn:md5:35c83fab153745d82df812f006b58fd12016-07-15T07:03:00+01:002016-07-15T06:36:11+01:00balderCélineFranceJewPropagandaRevisionismThird Reich <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img3/Celine_-_Lettres_de_prison_a_Lucette_Destouches_et_a_Maitre_Mikkelsen.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maître Mikkelsen 1945-1947</strong><br />
Année : 1947<br />
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Préface. Aussitôt qu'il est sous les verrous, tout homme digne de ce nom songe à l'évasion. La loi, qui n'est pas toujours inhumaine, consacre même le droit à l'évasion en ne punissant l'évadé que s'il commet des méfaits pour favoriser sa fuite ou quand il trahit la confiance qu'on lui avait accordée. Nul doute que, par la poésie, Brasillach se soit évadé de Fresnes et que c'est par le suicide que Pierre Laval a tenté lui aussi de s'en échapper. C'est par l'écriture que Céline, emprisonné à Copenhague, a cherché à sa manière de fuir l'enfer du milieu carcéral, ce qui explique pourquoi les lettres alors écrites par lui à sa femme et à son avocat danois constituent des documents incomparables. Beaucoup de lettres d'écrivains sont maniérées, manifestement écrites pour la publication, au point que certains en gardent des doubles pour le cas où leurs destinataires ne les conserveraient pas ! Céline n'était pas de ceux-là et toute sa correspondance témoigne d'une franchise, sinon d'une inconscience, qui s'est souvent retournée contre lui. Ici plus que jamais ces lettres, spontanées et vives, n'expriment que des cris du coeur. <strong>...</strong></p>Céline - Lettres à des amiesurn:md5:77c05c173ac247447d400578e5854ecd2016-07-15T06:43:00+01:002016-07-15T06:36:11+01:00balderCélineCanadaFranceRevisionismRévisionnisme <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img3/Celine_-_Lettres_a_des_amies.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Lettres à des amies</strong><br />
Année : 19**<br />
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Avant-propos. Le grand intérêt des lettres groupées ici vient, d'une part, de ce qu'elles sont adressées à des femmes avec lesquelles Céline a eu des rapports d'amitié ou d'intimité ; d'autre part, elles ont été écrites à une époque critique, celle de la transformation du docteur Louis Destouches en Louis-Ferdinand Céline, crise d'identité qui a par ailleurs son pendant dans les tensions socio-politiques de l'Europe de l'avant-guerre. Ce volume a donc une triple valeur, ouvrant sur la vie privée de l'homme Destouches, laissant voir l'émergence de l'écrivain Céline et, en même temps, donnant un reflet assez insolite de la situation historique des années trente. Pour accéder à la vie intime d'un homme aussi discret (et secret), il faut le biais du tact et de la méfiance, car la vérité célinienne a la multiplicité des mensonges et des mythes que Céline s'est toujours plu à tisser autour de sa personne. Objectivement, on remarquera que le début de chacune des correspondances (sauf les deux billets adressés à Simone Saintu) se situe entre le départ d'Elizabeth Craig, grand amour à qui Céline allait dédier Voyage au bout de la nuit, et la rencontre avec Lucette Almanzor, avec laquelle il allait partager les vingt-cinq dernières années de sa vie. <strong>...</strong></p>Céline - Le style contre les idéesurn:md5:5d48ad5ad4c0b2e46805a29a384295c92016-07-15T06:39:00+01:002016-07-15T06:36:11+01:00balderCélineCivilizationsFrancePropaganda <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img3/Celine_-_Le_style_contre_les_idees.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Le style contre les idées Rabelais, Zola, Sartre et les autres…</strong><br />
Année : 19**<br />
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Je ne veux pas que tout se perde. A propos du Voyage au bout de la nuit. Qu’on s’explique… Postface à voyage au bout de la nuit (1933) Ah ! l’admirable lettre d’un lecteur, agent forestier, reproduite (avec quel esprit !) par Zavie dans L’intran : « Il y a (dans ma bibliothèque) des livres de toutes sortes ; mais, si vous alliez les ouvrir, vous seriez bien étonné. Ils sont tous incomplets ; quelques-uns ne contiennent plus dans leur reliure que deux ou trois feuillets. Je suis d’avis qu’il faut faire commodément ce qu’on fait tous les jours ; alors, je lis avec des ciseaux, excusez-moi, et je coupe tout ce qui me déplaît. J’ai ainsi des lectures qui ne m’offensent jamais. Des Loups, j’ai gardé dix pages ; un peu moins du Voyage au bout de la nuit. De Corneille, j’ai gardé tout Polyeucte et une partie du Cid. Dans mon Racine, je n’ai presque rien supprimé. De Baudelaire, j’ai gardé deux cents vers et de Hugo un peu moins. De La Bruyère, le chapitre du Coeur ; de Saint-Évremond, la conversation du père Canaye avec le maréchal d’Hocquincourt. De Mme de Sévigné, les lettres sur le procès de Fouquet ; de Proust, le dîner chez la duchesse de Guermantes ; le matin de Paris dans La Prisonnière. » <strong>...</strong></p>Céline - Guignol's band 1 et 2urn:md5:f03e7864719dc3f4e9091ff645e1e0392016-07-15T06:34:00+01:002016-07-15T06:36:11+01:00balderCélineEnglandEuropeFranceFrance <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img3/Celine_-_Guignol_s_band_1_et_2.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Guignol's band 1 et 2 (Le pont de Londres)</strong><br />
Année : 19**<br />
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Lecteurs amis, moins amis, ennemis, Critiques ! me voilà encore des histoires avec ce Guignol's livre I ! Ne me jugez point de sitôt ! Attendez un petit peu la suite ! le livre II ! le livre III ! tout s'éclaire ! se développe, s'arrange ! Il vous manque tel quel les 3/4 ! Est-ce une façon ? Il a fallu imprimer vite because les circonstances si graves qu'on ne sait ni qui vit qui meurt ! Denoël ? vous ? moi ?... J'étais parti pour 1 200 pages ! Rendez-vous compte ! <strong>...</strong></p>Céline - Casse-pipeurn:md5:e5edc48d3efce74383dc5eec5442d7e02016-07-15T05:45:00+01:002016-07-15T05:32:44+01:00balderCélineCivilizationsFranceIslamPremière guerre mondialeSeconde guerre mondiale <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img3/Celine_-_Casse-pipe.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Casse-pipe Suivi du Carnet du cuirassier Destouches</strong><br />
Année : 1952<br />
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Né en 1894 à Courbevoie près de Paris, Louis- Ferdinand Céline (pseudonyme de L.-F. Destouches) prépare seul son baccalauréat tout en travaillant. Engagé en 1912, il fut gravement blessé en novembre 1914. Invalide à 75% et réformé, il fut envoyé au Cameroun (1916), puis à Londres (1917). Après la victoire, il fît des études de médecine, puis accomplit des missions en Afrique et aux Etats-Unis pour le compte de la Société des Nations. De retour en France, il exerça la médecine dans la banlieue parisienne et publia en 1932 son premier ouvrage : Voyage au bout de la nuit, suivi, en 1936, de Mort à crédit. De 1944 à 1951, Céline, exilé, vécut en Allemagne et au Danemark. <strong>...</strong></p>Céline - Mort à créditurn:md5:c3398b08df92c40b217a99a0ae511ca12012-12-03T12:38:00+00:002021-12-12T18:35:28+00:00balderCélineAllemagneEuropeEx-LibrisFranceRoman <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img/Celine_-_Mort_a_credit.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Mort à crédit</strong><br />
Année : 1936<br />
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Lien de téléchargement : <a href="https://balderexlibris.com/public/ebook/Celine_-_Mort_a_credit.zip">Celine_-_Mort_a_credit.zip</a><br />
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Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste... Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini. Il est venu tant de monde dans ma chambre. Ils ont dit des choses. Ils ne m’ont pas dit grand-chose. Ils sont partis. Ils sont devenus vieux, misérables et lents chacun dans un coin du monde. Hier à huit heures Mme Bérenge, la concierge, est morte. Une grande tempête s’élève de la nuit. Tout en haut, où nous sommes, la maison tremble. C’était une douce et gentille fidèle amie. Demain on l’enterre rue des Saules. Elle était vraiment vieille, tout au bout de la vieillesse. Je lui ai dit dès le premier jour quand elle a toussé : « Ne vous allongez pas surtout !... Restez assise dans votre lit ! » Je me méfiais. Et puis voilà... Et puis tant pis. Je n’ai pas toujours pratiqué la médecine, cette merde. Je vais leur écrire qu’elle est morte Mme Bérenge à ceux qui m’ont connu, qui l’ont connue. Où sont-ils ? Je voudrais que la tempête fasse encore bien plus de boucan, que les toits s’écroulent, que le printemps ne revienne plus, que notre maison disparaisse. Elle savait Mme Bérenge que tous les chagrins viennent dans les lettres. Je ne sais plus à qui écrire... Tous ces gens sont loin... Ils ont changé d’âme pour mieux trahir, mieux oublier, parler toujours d’autre chose... Vieille Mme Bérenge, son chien qui louche on le prendra, on l’emmènera... Tout le chagrin des lettres, depuis vingt ans bientôt, s’est arrêté chez elle. Il est là dans l’odeur de la mort récente, l’incroyable aigre goût... Il vient d’éclore... Il est là... Il rôde... Il nous connaît, nous le connaissons à présent. Il ne s’en ira plus jamais. Il faut éteindre le feu dans la loge. À qui vais-je écrire ? Je n’ai plus personne. Plus un être pour recueillir doucement l’esprit gentil des morts... pour parler après ça plus doucement aux choses... Courage pour soi tout seul ! Sur la fin ma vieille bignolle, elle ne pouvait plus rien dire. Elle étouffait, elle me retenait par la main... Le facteur est entré. Il l’a vue mourir. Un petit hoquet. C’est tout. Bien des gens sont venus chez elle autrefois pour me demander. Ils sont repartis loin, très loin dans l’oubli, se chercher une âme. Le facteur a ôté son képi. Je pourrais moi dire toute ma haine. Je sais. Je le ferai plus tard s’ils ne reviennent pas. J’aime mieux raconter des histoires. J’en raconterai de telles qu’ils reviendront, exprès, pour me tuer, des quatre coins du monde. Alors ce sera fini et je serai bien content. À la clinique où je fonctionne, à la Fondation Linuty on m’a déjà fait mille réflexions désagréables pour les histoires que je raconte... Mon cousin Gustin Sabayot, à cet égard il est formel : je devrais bien changer mon genre. Il est médecin lui aussi, mais de l’autre côté de la Seine, à la Chapelle-Jonction. Hier j’ai pas eu le temps d’aller le voir. Je voulais lui parler justement de Mme Bérenge. Je m’y suis pris trop tard. C’est un métier pénible le nôtre, la consultation. Lui aussi le soir il est vanné. Presque tous les gens ils posent des questions lassantes. Ça sert à rien qu’on se dépêche, il faut leur répéter vingt fois tous les détails de l’ordonnance. Ils ont plaisir à faire causer, à ce qu’on s’épuise... Ils en feront rien des beaux conseils, rien du tout. Mais ils ont peur qu’on se donne pas de mal, pour être plus sûrs ils insistent ; c’est des ventouses, des radios, des prises... qu’on les tripote de haut en bas... Qu’on mesure tout... L’artérielle et puis la connerie... Gustin lui à la Jonction ça fait trente ans qu’il pratique. Les miens, mes pilons, j’y pense, je vais les envoyer un beau matin à la Villette, boire du sang chaud. Ça les fatiguera dès l’aurore... Je ne sais pas bien ce que je pourrais faire pour les dégoûter... Enfin avant-hier j’étais décidé d’aller le voir, le Gustin, chez lui. Son bled c’est à vingt minutes de chez moi une fois qu’on a passé la Seine. Il faisait pas joli comme temps. Tout de même je m’élance. Je me dis je vais prendre l’autobus. Je cours finir ma séance. Je me défile par le couloir des pansements. Une gonzesse me repère et m’accroche. Elle a un accent qui traînaille, comme le mien. C’est la fatigue. En plus ça racle, ça c’est l’alcool. Maintenant elle pleurniche, elle veut m’entraîner. « Venez Docteur, je vous supplie !... ma petite fille, mon Alice !... C’est rue Rancienne !... c’est à deux pas !... » Je ne suis pas forcé d’y aller. En principe moi je l’ai finie, ma consultation !... Elle s’obstine... Nous sommes dehors... J’en ai bien marre des égrotants... En voici trente emmerdeurs que je rafistole depuis tantôt... J’en peux plus... Qu’ils toussent ! Qu’ils crachent ! Qu’ils se désossent ! Qu’ils s’empédèrent ! Qu’ils s’envolent avec trente mille gaz dans le croupion !... Je m’en tartine !... Mais la pleureuse elle m’agrafe, elle se pend vachement à mon cou, elle me souffle son désespoir. Il est plein de « rouquin »... Je suis pas de force à lutter. Elle me quittera plus. Quand on sera dans la rue des Casses qui est longue et sans lampe aucune, peut-être que je vais lui refiler un grand coup de pompe dans les miches... Je suis lâche encore... Je me dégonfle... Et ça recommence, la chansonnette. « Ma petite fille !... Je vous en supplie, Docteur !... Ma petite Alice !... Vous la connaissez ?... » La rue Rancienne c’est pas si près... Ça me détourne... Je la connais. C’est après les Usines aux câbles... Je l’écoute à travers ma berlue... « On n’a que 82 francs par semaine... avec deux enfants !... Et puis mon mari qui est terrible avec moi !... C’est une honte, mon cher Docteur !... » Tout ça c’est du mou, je le sais bien. Ça pue le grain pourri, l’haleine des pituites... On est arrivé devant la tôle... Je monte. Je m’asseye enfin... La petite môme porte des lunettes. <strong>...</strong></p>Céline - D'un château l'autreurn:md5:9e84b17d717503713d7c00bf976db2972012-12-03T12:12:00+00:002021-12-12T18:04:11+00:00balderCélineEx-LibrisFranceRoman <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img/.Celine_-_D_un_chateau_l_autre_s.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>D'un château l'autre</strong><br />
Année : 1957<br />
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Pour parler franc, là entre nous, je finis encore plus mal que j’ai commencé… Oh ! j’ai pas très bien commencé… je suis né, je le répète, à Courbevoie, Seine… je le répète pour la millième fois… après bien des aller et retour je termine vraiment au plus mal… y a l’âge, vous me direz… y a l’âge !… c’est entendu !… à 63 ans et mèche, il devient extrêmement ardu de se refaire une situation… de se relancer en clientèle… ci ou là !… je vous oubliais !… je suis médecin… la clientèle médicale, de vous à moi, confidentiellement, est pas seulement affaire de science et de conscience… mais avant tout, par-dessus tout, de charme personnel… le charme personnel passé 60 ans ?… vous pouvez faire encore mannequin, potiche au musée… peut-être ?… intéresser quelques maniaques, chercheurs d’énigmes ?… mais les dames ? le barbon tiré quatre épingles, parfumé, peinturé, laqué ?… épouvantail ! clientèle, pas clientèle, médecine, pas médecine, il écoeurera !… s’il est tout cousu d’or ?… encore !… toléré ? hmm ! hmm !… mais le chenu pauvre ?… à la niche ! Écoutez un peu les clientes, au gré des trottoirs, des boutiques… il est question d’un jeune confrère… « oh ! vous savez, madame !… Madame !… quels yeux ! quels yeux, ce docteur !… il a compris tout de suite mon cas !… il m’a donné de ces gouttes à prendre ! midi et soir !… quelles gouttes !… ce jeune docteur est merveilleux !… » Mais attendez un peu pour vous… qu’on parle de vous !… « Grincheux, édenté, ignorant, crachoteux, bossu… » votre compte est réglé !… le babil des dames est souverain !… les hommes torchent les lois, les dames s’occupent que du sérieux : l’Opinion !… une clientèle médicale est faite par les dames !… vous les avez pas pour vous ?… sautez vous noyer !… vos dames sont débiles mentales, idiotes à bramer ?… d’autant mieux ! plus elles seront bornées, butées, très rédhibitoirement connes, plus souveraines elles sont !… rengainez votre blouse, et le reste !… le reste ?… on m’a tout volé à Montmartre !… tout !… rue Girardon !… je le répète… je le répéterai jamais assez !… on fait semblant de ne pas m’entendre… juste les choses qu’il faut entendre !… je mets pourtant les points sur les i… tout !… des gens, libérateurs vengeurs, sont entrés chez moi, par effraction, et ils ont tout emmené aux Puces !… tout fourgué !… j’exagère pas, j’ai les preuves, les témoins, les noms… tous mes livres et mes instruments, mes meubles et mes manuscrits !… tout le bazar !… j’ai rien retrouvé !… pas un mouchoir, pas une chaise !… vendu même les murs !… le logement, tout !… soldés !… « Pochetée » ! tout est dit ! votre réflexion ! je vous entends !… bien naturelle ! oh ! que ça vous arrivera pas ! rien de semblable vous arrivera ! que vos précautions sont bien prises !… aussi communiste que le premier milliardaire venu, aussi poujadiste que Poujade, aussi russe que toutes les salades, plus américain que Buffalo !… parfaitement en cheville avec tout ce qui compte, Loge, Cellule, Sacristie, Parquet !… nouveau Vrounzais comme personne !… le sens de l’Histoire vous passe par le mi des fesses !… frère d’honneur ?… sûr !… valet de bourreau ? on verra !… lécheur de couperet ?… hé ! hé ! En attendant j’ai plus de « Pachon »… je me suis fait prêter un Pachon pour liquider les ennuyeux, pas mieux !… vous les faites asseoir, vous leur prenez leur « tension »… comme ils bouffent trop, boivent trop, fument trop, c’est rare qu’ils se tapent pas leur 22… 23… maxima… la vie pour eux c’est un pneu… que de leur maxima qu’ils ont peur… l’éclatement ! la mort !… 25 !… là, ils s’arrêtent d’être loustics ! sceptiques ! vous leur annoncez leur 23 !… vous les revoyez plus ! ce regard qu’ils vous jettent en partant ! la haine !… le sadique assassin que vous êtes ! « au revoir ! au revoir !… » Bon !… moi toujours avec mon Pachon je prends soin des amis… ils venaient pour se marrer de ma misère… 22 !… 23 !… je les revois plus !… mais tout résumé, sans broderie, je voudrais bien ne plus pratiquer… cependant, durer je dois ! diabolicum ! jusqu’à la retraite ! enfin, peut-être ?… pas « peutêtre », les économies ! en tout ! tout de suite ! et sur tout !… d’abord le chauffage !… jamais plus de +5° tout l’hiver dernier ! nous sommes certes très habitués !… entraînés ! je veux !… l’entraînement nordique !… nous avons tenu là-haut pendant quatre hivers… presque cinq… par 25 au-dessous… dans une sorte de décombre d’étable… sans feu, sans feu absolument, où les cochons moureraient de froid… je dis !… or donc, entraînés nous sommes !… tout le chaume s’envolait… la neige, le vent dansaient làdedans !… cinq ans, cinq mois à la glace !… Lili, malade opérée… et allez pas croire que cette glacière était gratuite ! pas du tout !… confondez rien !… j’ai tout payé ! les notes sont là, et signées par mon avocat… certifiées par le Consulat… ce qui vous explique que je suis si raide !… pas seulement du fait des pirates de la Butte Montmartre… les pirates de Baltique aussi !… les pirates de la Butte Montmartre voulaient me saigner que mes tripes dégoulinent la rue Lepic… les pirates baltiques eux voulaient m’avoir au scorbut… que je laisse mes os en leur prison la « Venstre »… c’était presque… deux ans en fosse, trois mètres sur trois !… ils ont alors pensé au froid… aux tourbillons du grand Belt… on a tenu ! cinq ans et payés !… en payant ! j’insiste ! vous pensez, mes économies !… tous mes droits d’auteur !… partis petits ! aux tourbillons !… plus les saisies du Tribunal !… la rigolade que ce fut ! oh ! j’avais un petit peu prévu !… une petite lueur !… mon complet, l’unique, je le garde, est de l’année 34 ! mon pressentiment !… je suis pas le genre Poujade, je découvre pas les catastrophes 25 ans après, que tout est fini, rasibus, momies !… je vous raconte pour la rigolade cette prémonition 34… que nous allions vers des temps qui seraient durs pour la coquetterie… j’avais un tailleur avenue de l’Opéra… « faites-moi un complet, attention ! spécial sérieux !… Poincaré ! supergabardine !… le genre Poincaré ! » Poincaré venait de lancer sa mode ! sa vareuse ! une coupe vraiment très spéciale… je fus servi !… le complet, je l’ai là… toujours inusable !… la preuve ! !… il a tenu à travers l’Allemagne… l’Allemagne 44… sous les bombardements ! et quels ! et à travers les quatre années… de ces bouillabaisses de bonshommes, incendies, tanks, bombes ! de ces myriatonnes de décombres ! il a un peu décoloré… c’est tout ! et puis ensuite toutes les prisons !… et les cinq années de Baltique… ah, et puis d’abord, j’oubliais ! toute la sauvette Bezons-la-Rochelle… et le naufrage de Gibraltar ! je l’avais déjà !… ils se vantent maintenant de complets « nylon », d’ensembles « Grévin », de kimonos atomiques… je demande à voir !… le mien est là ! élimé certes ! entendu ! à la trame !… quatorze années d’avatars !… nous aussi on est à la trame ! <strong>...</strong></p>Céline - Voyage au bout de la nuiturn:md5:ecb1cdcf53d1e41f95c385fbb76d521a2012-05-06T23:49:00+01:002022-01-14T22:51:45+00:00balderCélineEx-LibrisFranceHébraïsme <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img/.Celine_-_Voyage_au_bout_de_la_nuit_s.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Voyage au bout de la nuit</strong><br />
Année : 1932<br />
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Lien de téléchargement : <a href="https://balderexlibris.com/public/ebook/Celine_-_Voyage_au_bout_de_la_nuit.zip">Celine_-_Voyage_au_bout_de_la_nuit.zip</a><br />
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A Elizabeth Craig. Notre vie est un voyage Dans l’hiver et dans la Nuit, Nous cherchons notre passage Dans le Ciel où rien ne luit. Chanson des Gardes Suisses 1793. Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout le reste n’est que déceptions et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force. Il va de la vie à la mort. Hommes, bêtes, villes et choses, tout est imaginé. C’est un roman, rien qu’une histoire active. Littré le dit, qui ne se trompe jamais. Et puis d’abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. C’est de l’autre côté de la vie. Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. On se rencontre donc place Clichy. C’était après le déjeuner. Il veut me parler. Je l’écoute. « Restons pas dehors ! Qu’il me dit. Rentrons ! » Je rentre avec lui. Voilà. « Cette terrasse, qu’il commence, c’est pour les oeufs à la coque ! Viens par ici ! » Alors, on remarque encore qu’il n’y avait personne dans les rues, à cause de la chaleur ; pas de voitures, rien. Quand il fait très froid, non plus, il n’y a personne dans les rues ; c’est lui, même que je m’en souviens, qui m’avait dit à ce propos : « Les gens de Paris ont l’air toujours d’être occupés, mais en fait, ils se promènent du matin au soir ; la preuve, c’est que, lorsqu’il ne fait pas bon à se promener, trop froid ou — trop chaud, on ne les voit plus ; ils sont tous dedans à prendre des cafés crème et des bocks. C’est ainsi ! Siècle de vitesse ! Qu’ils disent. Où ça ? Grands changements ! Qu’ils racontent. Comment ça ? Rien n’est changé en vérité. Ils continuent à s’admirer et c’est tout. Et ça n’est pas nouveau non plus. Des mots, et encore pas beaucoup, même parmi les mots, qui sont changés ! Deux ou trois par-ci, par-là, des petits... » Bien fiers alors d’avoir fait sonner ces vérités utiles, on est demeurés là assis, ravis, à regarder les dames du café. Après, la conversation est revenue sur le Président Poincaré qui s’en allait inaugurer, justement ce matin-là, une exposition de petits chiens ; et puis, de fil en aiguille, sur le Temps 3 où c’était écrit. « Tiens, voilà un maître journal, le Temps ! » qu’il me taquine Arthur Ganate, à ce propos. « Y en a pas deux comme lui pour défendre la race française ! — Elle en a bien besoin la race française, vu qu’elle n’existe pas ! » Que j’ai répondu moi pour montrer que j’étais documenté, et du tac au tac. « Si donc ! qu’il y en a une ! Et une belle de race ! Qu’il insistait lui, et même que c’est la plus belle race du monde et bien cocu qui s’en dédit ! » Et puis, le voilà parti à m’engueuler. J’ai tenu ferme bien entendu. “C’est pas vrai ! La race, ce que t’appelles comme ça, c’est seulement ce grand ramassis de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient pas aller plus loin à cause de la mer. C’est ça la France et puis c est ça les Français. — Bardamu, qu’il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n’en dis pas de mal !... — T’as raison, Arthur, pour ça t’as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d’opinions, ou bien si tard, que ça n’en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C’est lui qui nous possède ! Quand on est pas sages, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger... Pour des riens, il vous étrangle... C’est pas une vie... — Il y a l’amour, Bardamu ! — Arthur, l’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches et j’ai ma dignité moi ! que je lui réponds. — Parlons-en de toi ! T’es un anarchiste et puis voilà tout ! » Un petit malin, dans tous les cas, vous voyez ça d’ici, et tout ce qu’il y avait d’avancé dans les opinions. « Tu l’as dit, bouffi, que je suis anarchiste ! Et la preuve la meilleure, c’est que j’ai composé une manière de prière vengeresse et sociale dont tu vas me dire tout de suite des nouvelles : les ailes en or ! C’est le titre !... » Et je lui récite alors : Un Dieu qui compte les minutes et les sous, un Dieu désespéré, sensuel et grognon comme un cochon. Un cochon avec des ailes en or qui retombe partout, le ventre en l’air, prêt aux caresses, c’est lui, c’est notre maître. Embrassons-nous ! « Ton petit morceau ne tient pas devant la vie, j’en suis, moi, pour l’ordre établi et je n’aime pas la politique. Et d’ailleurs le jour où la patrie me demandera de verser mon sang pour elle, elle me trouvera moi bien sûr, et pas fainéant, prêt à le donner. » Voilà ce qu’il m’a répondu. Justement la guerre approchait de nous deux sans qu’on s’en soye rendu compte et je n’avais plus la tête très solide. Cette brève mais vivace discussion m’avait fatigué. Et puis, j’étais ému aussi parce que le garçon m’avait un peu traité de sordide à cause du pourboire. Enfin, nous nous réconciliâmes avec Arthur pour finir, tout à fait. On était du même avis sur presque tout. « C’est vrai, t’as raison en somme, que j’ai convenu, conciliant, mais enfin on est tous assis sur une grande galère, on rame tous à tour de bras, tu peux pas venir me dire le contraire !... Assis sur des clous même à tirer tout nous autres ! Et qu’est-ce qu’on en a ? Rien ! Des coups de trique seulement, des misères, des bobards et puis des vacheries encore. On travaille ! Qu’ils disent. C’est ça encore qu’est plus infect que tout le reste, leur travail. On est en bas dans les cales à souffler de la gueule, puants, suintants des rouspignolles, et puis voilà ! En haut sur le pont, au frais, il y a les maîtres et qui s’en font pas, avec des belles femmes roses et gonflées de parfums sur les genoux. On nous fait monter sur le pont. Alors, ils mettent leurs chapeaux haut de forme et puis ils nous en mettent un bon coup de la gueule comme ça : « Bandes de charognes, c’est la guerre ! Qu’ils font. On va les aborder, les saligauds qui sont sur la patrie n° 2 et on va leur faire sauter la caisse ! Allez ! Allez ! Y a de tout ce qu’il faut à bord ! Tous en choeur ! Gueulez voir d’abord un bon coup et que ça tremble : Vive la Patrie no ! ! Qu’on vous entende de loin ! Celui qui gueulera le plus fort, il aura la médaille et la dragée du bon jésus ! Nom de Dieu ! Et puis ceux qui ne voudront pas crever sur mer, ils pourront toujours aller crever sur terre où c’est fait bien plus vite encore qu’ici ! — C’est tout à fait comme ça ! » que m’approuva Arthur, décidément devenu facile à convaincre. Mais voilà-t-y pas que juste devant le café où nous étions attablés un régiment se met à passer, et avec le colonel par-devant sur son cheval, et même qu’il avait l’air bien gentil et richement gaillard, le colonel ! Moi, je ne fis qu’un bond d’enthousiasme. « J’vais voir si c’est ainsi ! Que je crie à Arthur, et me voici parti à m’engager, et au pas de course encore. — T’es rien c... Ferdinand ! » Qu’il me crie, lui Arthur en retour, vexé sans aucun doute par l’effet de mon héroïsme sur tout le monde qui nous regardait. Ça m’a un peu froissé qu’il prenne la chose ainsi, mats ça m’a pas arrêté. J’étais au pas. « J’y suis, j’y reste ! » que je me dis. « On verra bien, eh navet ! » que j’ai même encore eu le temps de lui crier avant qu’on tourne la rue avec le régiment derrière le colonel et sa musique. Ça s’est fait exactement ainsi. Alors on a marché longtemps. Y en avait plus qu’il y en avait encore des rues, et puis dedans des civils et leurs femmes qui nous poussaient des encouragements, et qui lançaient des fleurs, des terrasses, devant les gares, des pleines églises. Il y en avait des patriotes ! Et puis il s’est mis à y en avoir moins des patriotes... La pluie est tom bée, et puis encore de moins en moins et puis plus du tout d’encouragements, plus un seul, sur la route. Nous n’étions donc plus rien qu’entre nous ? Les uns derrière les autres ? La musique s’est arrêtée. « En résumé, que je me suis dit alors, quand j’ai vu comment ça tournait, c’est plus drôle ! C’est tout à recommencer ! » J’allais m’en aller. Mais trop tard ! Ils avaient refermé la porte en douce derrière nous les civils. On était faits, comme des rats. Une fois qu’on y est, on y est bien. Ils nous firent monter à cheval et puis au bout de deux mois qu’on était là-dessus, remis à pied. Peut-être à cause que ça coûtait trop cher. Enfin, un matin, le colonel cherchait sa monture, son ordonnance était parti avec, on ne savait où, dans un petit endroit sans doute où les balles passaient moins facilement qu’au milieu de la route. Car c’est là précisément qu’on avait fini par se mettre, le colonel et moi, au beau milieu de la route, moi tenant son registre où il inscrivait des ordres. Tout au loin sur la chaussée, aussi loin qu’on pouvait voir, il y avait deux points noirs, au milieu, comme nous, mais c’était deux Allemands bien occupés à tirer depuis un bon quart d’heure. Lui, notre colonel, savait peut-être pourquoi ces deux gens-là tiraient, les Allemands aussi peut-être qu’ils savaient, mais moi, vraiment, je savais pas. Aussi loin que je cherchais dans ma mémoire, je ne leur avais rien fait aux Allemands. J’avais toujours été bien aimable et bien poli avec eux. Je les connaissais un peu les Allemands, j’avais même été à l’école chez eux, étant petit, aux environs de Hanovre. J’avais parlé leur langue. C’était alors une masse de petits crétins gueulards avec des yeux pâles et furtifs comme ceux des loups ; on allait toucher ensemble les filles après l’école dans les bois d’alentour, où on tirait aussi à l’arbalète et au pistolet qu’on achetait même quatre marks. On buvait de la bière sucrée. Mais de là à nous tirer maintenant dans le coffret, sans même venir nous parler d’abord et en plein milieu de la route, il y avait de la marge et même un abîme. Trop de différence. La guerre en somme c’était tout ce qu’on ne comprenait pas. Ça ne pouvait pas continuer. Il s’était donc passé dans ces gens-là quelque chose d’extraordinaire ? Que je ne ressentais, moi, pas du tout. J’avais pas dû m’en apercevoir... Mes sentiments toujours n’avaient pas changé à leur égard. J’avais comme envie malgré tout d’essayer de comprendre leur brutalité, mais plus encore j’avais envie de m’en aller, énormément, absolument, tellement tout cela m’apparaissait soudain comme l’effet d’une formidable erreur. « Dans une histoire pareille, il n’y a rien à faire, il n’y a qu’à foutre le camp », que je me disais, après tout... Au-dessus de nos têtes, à deux millimètres, à un millimètre peut-être des tempes, venaient vibrer l’un derrière l’autre ces longs fils d’acier tentants que tracent les balles qui veulent vous tuer, dans l’air chaud d’été. Jamais je ne m’étais senti aussi inutile parmi toutes ces balles et les lumières de ce soleil. Une immense, universelle moquerie. <strong>...</strong></p>Céline - Mea Culpaurn:md5:8fff32796ed9bbdb16fc14089363c0192012-05-06T23:45:00+01:002021-11-09T22:21:12+00:00balderCélineEx-LibrisFranceHébraïsmeRussie <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img/Celine_-_Mea_Culpa.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Mea Culpa</strong><br />
Année : 1936<br />
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" Il me manque encore quelques haines. Je suis certain qu'elles existent. " Ce qui séduit dans le Communisme, l'immense avantage à vrai dire, c'est qu'il va nous démasquer l'Homme, enfin ! Le débarrasser des " excuses ". Voici des siècles qu'il nous berne, lui, ses instincts, ses souffrances, ses mirifiques intentions... Qu'il nous rend rêveur à plaisir... Impossible de savoir, ce cave, à quel point il peut nous mentir !... C'est le grand mystère. Il reste toujours bien en quart, soigneusement planqué, derrière son grand alibi. " L'Exploitation par le plus fort. " C'est irréfutable comme condé... Martyr de l'abhorré système ! C'est un Jésus véritable !... " Je suis ! comme tu es ! il est ! nous sommes exploités ! " Ça va finir l'imposture ! En l'air l'abomination ! Brise tes chaînes, Popu ! Redresse-toi, Dandin !... Ça peut pas durer toujours ! Qu'on te voye enfin ! Ta bonne mine ! Qu'on t'admire ! Qu'on t'examine ! de fond en comble !... Qu'on te découvre ta poésie, qu'on puisse enfin à loisir t'aimer pour toi-même ! Tant mieux, nom de Dieu ! Tant mieux ! Le plus tôt sera le mieux ! Crèvent les patrons ! En vitesse ! Ces putrides rebuts ! Ensemble ou séparément ! Mais pronto ! subito ! recta ! Pas une minute de merci ! De mort bien douce ou bien atroce ! Je m'en tamponne ! J'en frétille ! Pas un escudos de vaillant pour rambiner la race entière ! Au charnier, chacals ! A l'égout ! Pourquoi lambiner ? Ont-ils jamais, eux, velus, refusé un seul frêle otage au roi Bénéfice ? Balpeau ! Balpeau ! Haricots ! En voyez-vous des traînards ?... A la reniflette qu'on les bute ! Il faut ce qu'il faut ! C'est la lutte !... Par quatre chemins ? Quel honneur ?... Ils sont même pas amusants ! Ils sont toujours plus gaffeurs, plus cons que nature ! Faut les retourner pour qu'ils fassent rire !... Les privilégiés, pour ma part, je n'irai pas, je le jure, m'embuer d'un seul petit oeil sur leur vache charogne !...Ah ! Pas d'erreur ! Délais ? Basta ! Pas un remords ! Pas une larme ! Pas un soupir ! Une cédille ! C'est donné ! C'est l'Angélus ! Leur agonie ? C'est du miel ! Une friandise ! J'en veux ! Je m'en proclame tout régalé !... Je te crèverai, charogne ! un vilain soir ! Je te ferai dans les mires deux grands trous noirs ! Ton âme de vache dans la danse ! Prendra du champ ! Tu verras cette belle assistance !... Au Four-Cimetière des Bons-Enfants ! Ces couplets verveux me dansent au cassis ! Je les offre à tous par-dessus le marché, avec la musique ! " L'Hymne à l'Abattoir ", l'air en plus ! C'est complet !... Tout va bien ! Ça ira ! <strong>...</strong></p>Céline - Les beaux drapsurn:md5:1df23be57893b03cd517f2fa6fc2e2d12012-05-06T23:38:00+01:002022-10-11T01:19:56+01:00balderCélineAllemagneEx-LibrisFranceHébraïsmeTroisième Reich <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img/.Celine_-_Les_beaux_draps_s.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Les beaux draps</strong><br />
Année : 1941<br />
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Ça y est ! Il paraît que tout change qu’on est maintenant dans les façons, la Rédemption, les bonnes manières, la vraie vertu. Faudra surveiller son langage. Y a des décrets aussi pour ça. Je suis passé en Correctionnelle, faut pas que ça recommence ! Surtout ne dénommons personne ! Rien que des idées générales ! Madame de Broussol en a bien ! née Plumier ! Sardines à l’huile ! pudibondes ! pas à l’eau ! Pernod ! Ah ! Ah ! Je me comprends ! C’est l’astuce ! Parfaitement seul ! Je me donnerai pas ! Je mouille plus du tout, je m’hermétise, je suis bourrelé de mots secrets. Je m’occulte. Et encore tout à fait prudent ! Tout devient des plus épineux. Y a des censeurs, des délateurs dans tous les coins… Je sais plus où me mettre… Châtions, châtions nos expressions !... La France est bourrique, c’est plein la Commandatur des personnes qui viennent dénoncer… Elles vont au Parquet ensuite… le lendemain elles retournent rue de Rivoli… Au nom de la Patrie toujours ! donner le copain, la copine… comme ça ne perdant pas une minute… Le Fiel est Roi ! Regardez la gueule du trèpe, c’est du long cauchemar en figures. C’est tout obscène par le visage. Parties honteuses remontées au jour. Châtions, châtions nos expressions ! Il n’est que temps Bordel de merde ! On se méfie jamais assez ! Restaurons le respect des chastes, le pleur des vierges, la bave des blèches. Ça va nous redonner la Lorraine ! le Palatinat ! la Pologne ! que sais-je ? l’esprit invincible ! le triomphe ! la gloire de nos armées tordues ! l’esprit sacrifesse ! Ils vont remonter de la Lozère nos petits pioupious, de langue châtiée, avec la duchesse d’Israël, tous les ministres ex-les plus forts, la vraie anisette d’avant guerre, tout ce qu’il y a de terrible “comme avant” !... Ils vont vous retourner tout le bastringue, bouter le Hanovre, puis Munster ! eccetera !... On jonctionnera avec les Russes ! On leur fera un Napoléon ! On ramènera le Kremlin en pots ! Tant mieux ! Tant mieux ! Bougre de Dieu ! Hourra pour nous ! pour la frite ! On déterrera le Charlemagne ! on le rapportera dans un taxi ! Il va nous sauver la vertu, la circonspection, le menuet ! Y en avait pas beaucoup de mon temps des discrétions d’approches et de forme… Bien sûr, ça marchait pas si fort. Nous ne dépassâmes pas Ostende. On peut dire merde et être vainqueur, on peut dire zut et se faire étendre. C’est ça l’atroce ! Y a des preuves et pas des menues. Moi j’ai fait la retraite comme bien d’autres, j’ai pourchassé l’Armée Française de Bezons jusqu’à La Rochelle, j’ai jamais pu la rattraper. Ce fut une course à l’échalote comme on en a pas vu souvent. Je suis parti de Courbevoie au poil, le 13 au matin. Je voulais tout voir ! Cinquième colonne ! Vous m’entendez ! Pris entre deux feux ! Entre les feux et les derrières pour être plus exact ! Je sais pas comment disent les décrets dans des cas semblables. Je suis parti avec des petites filles, je raconterai tout ça bien plus tard, à tête reposée, des “moins de dix jours” et leur grand’mère, dans une toute petite ambulance. J’ai bien protégé leur jeunesse au pire des plus affreux périls. (On dira tout ça sur ma tombe). Croyez-moi si vous voulez, on pouvait pas aller plus vite, on a bien fait tout ce qu’on a pu, pour rattraper l’Armée Française, des routes et des routes, des zigs zags, des traites en bolides, toujours elle nous a fait du poivre, jamais elle s’est fait rattraper, l’Armée Française. Y avait du vertige dans ses roues. Ô la retraite à moteur ! Oh ! la prudence priorisée ! Oh ! les gendarmes redevenus hommes ! à la grelottine sauve-qui-peut ! J’ai vu des tanks de 40 tonnes bousculer nos orphelins, nous bazarder dans les colzas pour foncer plus vite au couvert, la foire au cul, orageante ferraille à panique. Charge aux pantoufles ! La tripotée 71 suivie de 40 ans de honte fut un fait d’armes munificient à côté de la dernière voltige. C’est pas des choses qui s’inventent. C’est pas de la vilaine perfidie. On était quinze millions pour voir. Y avait plus besoin de Paris-Soir. Il était déjà en Espagne, lui, qui prétendait tout le contraire ! Il nous avait abandonnés !... Que c’était tout cuit pour Berlin ! Quelle déconvenue ! Il était pas sincère sans doute. Pourtant on était libre alors… Oh ! ça recommencera jamais ! À présent c’est une autre époque ! Y a des bons usages, des sincères, de la vraie vertu, des tickets… La tricherie est presque impossible, on rédempte et on se sent du Code. Je me sens renouveau rien qu’à me relire. J’ai dix ans. <strong>...</strong></p>Céline - L'école des cadavresurn:md5:d301e887cdcf74abd5e21ddf08c67d122012-05-06T23:31:00+01:002022-10-11T01:03:38+01:00balderCéline14-18AllemagneEx-LibrisFranceHébraïsmeTroisième Reich <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img/.Celine_-_L_ecole_des_cadavres_s.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>L'école des cadavres</strong><br />
Année : 1938<br />
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Préface de l’édition de 1942. L’eau a passé sous les ponts depuis la sortie de ce livre ! Le monde a changé de visage. Encore quelques mois, quelques ans et l’on racontera des histoires qui n’auront plus ni queues ni têtes, personne ne se souviendra plus. Les témoins authentiques seront morts ou gâteux, ou enrôlés ailleurs. Tuer sous silence ou broderie, telle est la grande œuvre du Temps, je me méfie. Ah ! ce métier je le connais, je suis Temps moi-même à mes heures ! Tout passionné de broderies ! De là si défiant, susceptible. Juste là donc deux trois mots avant l’oubli, sur les caractères, les façons, les petits mérites de ce livre. 1° Imprimé sous Daladier. 2° Il fit condamner son auteur le 21 juin 1939 sur plainte de M. Rouquès qui s’y trouvait diffamé. M. Rouquès, chirurgien du Syndicat des métaux et des Brigades Internationales. La parution de l’École ne fit aucun bruit – silence total, scrupuleux de toute la presse française – y compris la pacifiste, l’antisémite, la franco-allemande, etc., etc., pas un écho, pas une ligne, le frigo intégral, la pétoche totale, le désaveu absolu. Raisons de ce hoquet unanime : l’École était le seul texte à l’époque (journal ou livre) à la fois et en même temps : antisémite, raciste, collaborateur (avant l’heure) jusqu’à l’alliance militaire immédiate, anti-anglais, antimaçon et présageant la catastrophe absolue en cas de conflit. 8 Souvenons-nous qu’il était possible, toléré sous Blum d’être ceci ou cela, mais pas tout à la fois et en même temps. Tout le morceau ! On vous tolérait en somme d’avoir l’air de… mais toujours avec une petite réserve, un recours, un caleçon – à votre choix. Si vous étiez antisémite alors s’il vous plait en même temps antiraciste ! à la bonne heure ! Le coup nul !... Si vous étiez rapprochiste, alors, je vous prie, en même temps pro-anglais ! Bravo ! Antiguerre, soit si vous voulez ! mais conférencier en loge ! La compensation ! Toujours un petit crochet au cul pour respecter la morale, les convenances, le bon ton, la Patrie, et en définitif le juif !... Sauver l’essentiel !... Toutes les rigolades du caméléon ! Ce livre eut donc le mérite d’être rejeté par toute la presse française (y compris l’antisémite), en totalité, au titre d’ordure totale, obscénité qu’il convient de traiter avec pincettes et par le silence. Je fus lu tout de même par le parquet et les gens de l’Humanité. À moi la Correctionnelle ! Le jour de l’audience, même très remarquable discrétion de toute la presse française – y compris l’antisémite, la pacifiste, la pro-allemande, etc. – N’étaient présents à la 12ème en fait d’avocats et de journalistes que ceux de l’Humanité, du Popu, de la Lumière, etc., etc., mais alors ! en foule ! De mon bord, personne ne me connaissait plus. La Bête puante souille les meilleures causes… À la première audition, admirable plaidoirie de notre vaillant Saudemont, puis au jugement trois mois plus tard (quel temps pour se renseigner !) n’assistaient que Denoël et moi forcément, Mlles Canavaggia, Marie et Renée, nos bons amis Bernardini, Montandon (et son parapluie), Bonvilliers, et notre excellent Tschann le libraire, et Mlle Almanzor. C’est tout – c’est peu pour une aussi grande ville, en d’autres temps plus spontanée, plus facilement éprise des causes d’aventure et perdues. Le juif avait passé par là, l’âme était froide. Voici les faits. <strong>...</strong></p>Céline - Hommage à Zolaurn:md5:2248d5525e6aa555a6fb6f0114f8270e2012-05-06T23:21:00+01:002013-12-04T00:17:11+00:00balderCélineFranceHébraïsmeZola <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img/.Celine_-_Hommage_a_Zola_s.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Céline (Destouches Louis Ferdinand)</strong><br />
Ouvrage : <strong>Hommage à Zola</strong><br />
Année : 1933<br />
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Cédant aux instances d'un ami très cher, L. F. Céline fit en 1933 un discours public, le seul de sa carrière littéraire. C'était à Médan, un jour d'été. On demandait à l'auteur du Voyage au bout de la nuit de rendre hommage à Zola. L.-F. Céline, en définissant l’oeuvre de l'écrivain naturaliste, dépeignait l'époque où elle fut écrite, et cela l'amena à parler de la condition de l'écrivain d'après guerre. Ces pages, en quelque sorte un commentaire avant la lettre de Mort à crédit furent publiées en 1936 par Robert Denoël dans sa plaquette "Apologie de Mort à crédit." Les hommes sont des mystiques de la mort dont il faut se méfier. En pensant à Zola nous demeurons un peu gêné devant son oeuvre, il est trop près de nous encore pour que nous le jugions bien, je veux dire dans ses intentions. Il nous parle de choses qui nous sont familières... Il nous serait bien agréable qu'elles aient un peu changé. Qu'on nous permette un petit souvenir personnel. A l'Exposition de 1900, nous étions encore bien jeune, mais nous avons gardé le souvenir quand même bien vivace, que c'était une énorme brutalité. Des pieds surtout, des pieds partout et des poussières en nuages si épais qu'on pouvait les toucher. Des gens interminables défilant, pilonnant, écrasant l'Exposition, et puis ce trottoir roulant qui grinçait jusqu'à la galerie des machines, pleine, pour la première fois de métaux en torture, de menaces colossales, de catastrophes en suspens. La vie moderne commençait. Depuis on n'a pas fait mieux. Depuis l'Assommoir non plus on n'a pas fait mieux. Les choses en sont restées là avec quelques variantes. Avait-il, Zola, travaillé trop bien pour ses successeurs ? Ou bien les nouveaux venus ont-ils eu peur du naturalisme ? Peut-être... Aujourd'hui, le naturalisme de Zola, avec les moyens que nous possédons pour nous renseigner, devient presque impossible. On ne sortirait pas de prison si on racontait la vie telle qu'on la sait, à commencer par la sienne. Je veux dire telle qu'on la comprend depuis une vingtaine d'années. Il fallait à Zola déjà quelque héroïsme pour montrer aux hommes de son temps quelques gais tableaux de la réalité. La réalité d'aujourd'hui ne serait permise à personne. A nous donc les symboles et les rêves ! Tous les transferts que la loi n'atteint pas, n'atteint pas encore ! Car enfin c'est dans les symboles et les rêves que nous passons les neuf dixièmes de notre vie, puisque les neuf dixièmes de l'existence, c'est-à-dire du plaisir vivant, nous sont inconnus ou interdits. Ils seront bien traqués aussi, les rêves, un jour ou l'autre. C'est une dictature qui nous est due. La position de l'homme au milieu de son fatras de lois, de coutumes, de désirs, d'instincts noués, refoulés, est devenue si périlleuse, si artificielle, si arbitraire, si tragique et si grotesque en même temps, que jamais la littérature ne fut si facile à concevoir qu'à présent, mais aussi plus difficile à supporter. Nous sommes environnés de pays entiers d'abrutis anaphylactiques, le moindre choc les précipite dans des convulsions meurtrières à n'en plus finir. Nous voici parvenus au but de vingt siècles de haute civilisation et cependant aucun régime ne résisterait à deux mois de vérité. Je veux dire la société marxiste aussi bien que nos sociétés bourgeoises et fascistes. L'homme ne peut persister en effet dans aucune de ces formes sociales, entièrement brutales, toutes masochistes, sans la violence d'un mensonge permanent et de plus en plus massif, répété frénétique "totalitaire" comme on l'intitule. Privées de cette contrainte, elles s'écrouleraient dans la pire anarchie, nos sociétés. Hitler n'est pas le dernier mot, nous verrons plus épileptique encore, ici peut-être. Le naturalisme dans ces conditions, qu'il le veuille ou non, devient politique. On l'abat. Heureux ceux que gouvernèrent le cheval de Caligula. Les gueulements dictatoriaux vont partout à présent à la rencontre des hantés alimentaires innombrables, de la monotonie des tâches quotidiennes, de l'alcool, des myriades refoulées, tout cela plâtre dans un immense narcissisme sadico-masochiste toute issue de recherches, d'expériences et de sincérité sociale. On me parle beaucoup de jeunesse, le mal est plus profond que la jeunesse ! Je ne vois en fait de jeunesse qu'une mobilisation d'ardeurs apéritives, sportives, automobiles, spectaculaires, mais rien de neuf. Les jeunes, pour les idées au moins, demeurent en grande majorité à la traîne des R A.T. bavards, filoneux, homicides. A ce propos, pour demeurer équitables, notons que la jeunesse n'existe pas au sens romantique que nous prêtons encore à ce mot. Dès l'âge de dix ans, le destin de l'homme me semble à peu près fixé, dans ses ressorts émotifs tout au moins, après ce temps nous n'existons plus que par d'insipides redites, de moins en moins sincères de plus en plus théâtrales. Peut-être, après tout, les "civilisations" subissent-elles le même sort ? La nôtre semble bien coincée dans une incurable psychose guerrière. Nous ne vivons plus que pour ce genre de redites destructrices. Quand nous observons de quels préjugés rancis, de quelles fariboles pourries peut se repaître le fanatisme absolu de millions d'individus prétendus évolués, instruits dans les meilleures écoles d'Europe, nous sommes autorisés, certes, à nous demander si l'instinct de mort chez l'Homme, dans ces sociétés, ne domine pas déjà définitivement l'instinct de vie. Allemands, Français, Chinois, Valaques... Dictatures ou pas ! Rien que des prétextes à jouer à la mort. Je veux bien qu'on peut tout expliquer par les réactions malignes de défense du capitalisme ou l'extrême misère. Mais les choses ne sont pas si simples ni aussi pondérables. Ni la misère profonde, ni l'accablement policier ne justifient ces ruées en masse vers les nationalismes extrêmes, agressifs, extatiques de pays entiers. On peut expliquer certes ainsi les choses aux fidèles, tout convaincus d'avance, les mêmes auxquels on expliquait il y a douze mois encore l'avènement imminent, infaillible, du communisme en Allemagne. Mais le goût des guerres e! des massacres ne saurait avoir pour origine essentielle l'appétit de conquête, de pouvoir et de bénéfices des classes dirigeantes. On a tout dit, exposé, dans ce dossier, sans dégoûter personne. Le sadisme unanime actuel procède avant tout d'un désir de néant profondément installé dans l'Homme et surtout dans la masse des hommes, une sorte d'impatience amoureuse, à peu près irrésistible, unanime, pour la mort. Avec des coquetteries, bien sûr, mille dénégations, mais le tropisme est là, et d'autant plus puissant qu'il est parfaitement secret et silencieux. Or, les gouvernements ont pris la longue habitude de leurs peuples sinistres, ils leur sont bien adaptés. Ils redoutent, dans leur psychologie, tout changement. Ils ne veulent connaître que le pantin, l'assassin sur commande, la victime sur mesure. Libéraux, marxistes, fascistes ne sont d'accord que sur un seul point : des soldats !... Et rien de plus et rien de moins. Ils ne sauraient que faire en vérité de peuples absolument pacifiques. Si nos maîtres sont parvenus à cette tacite entente pratique c'est peut-être qu'après tout l'âme de l'Homme s'est définitivement cristallisée sous cette forme suicidaire. On peut obtenir tout d'un animal par la douceur et la raison, tandis que les grands enthousiasmes de masses, les frénésies durables des foules sont presque toujours stimulés, provoqués, entretenus par la bêtise et la brutalité. Zola n'avait point à envisager les mêmes problèmes sociaux dans son oeuvre, surtout présentés sous cette forme despotique. La foi scientifique, alors bien nouvelle, fit penser aux écrivains de son époque à une certaine foi sociale, à une raison d'être "optimiste". Zola croyait à la vertu, il pensait à faire horreur au coupable mais non à le désespérer. Nous savons aujourd'hui que la victime en redemande toujours du martyre et davantage. Avons-nous encore sans niaiserie le droit de faire figurer dans nos écrits une providence quelconque ? Il faudrait avoir la foi robuste. Tout devient plus tragique et plus irrémédiable à mesure qu'on pénètre davantage dans le Destin de l'Homme, qu'on cesse de l'imaginer pour le vivre tel qu'il est réellement... On le découvre. On ne veut pas encore l'avouer. Si notre musique tourne au tragique, c'est qu'elle a ses raisons. Les mots d'aujourd'hui comme notre musique vont plus loin qu'au temps de Zola. Nous travaillons à présent par la sensibilité et non plus par l'analyse, en somme "du dedans". Nos mots vont jusqu'aux instincts et les touchent parfois, mais en même temps, nous avons appris que là s'arrêtait, et pour toujours, notre pouvoir. Notre Coupeau à nous ne boit plus tout à fait autant que le premier. Il a reçu de l'instruction... Il délire bien davantage. Son delirium est un bureau standard avec treize téléphones. Il donne ses ordres au monde. Il n'aime pas les dames. Il est brave aussi. On le décore à tour de bras. Dans le jeu de l'Homme, l'Instinct de mort, l'Instinct silencieux est décidément bien placé, peut-être à côté de l'égoïsme. Il tient la place du zéro dans la roulette. Le Casino gagne toujours. La mort aussi. La loi des grands nombres travaille pour elle. C'est une loi sans défaut. Tout ce que nous entreprenons, d'une manière ou d'une autre, très tôt, vient buter contre elle et tourne à la haine, au sinistre, au ridicule. Il faudrait être doué d'une manière bien bizarre pour parler d'autre chose que de mort en des temps où sur terre, sur les eaux, dans les airs, au présent, dans l'avenir, il n'est question que de cela. Je sais qu'on peut encore aller danser musette au cimetière et parler d'amour aux abattoirs, l'auteur comique garde ses chances, mais c'est un pis aller. Quand nous serons devenus moraux tout à fait au sens où nos civilisations l'entendent et le désirent et bientôt l'exigeront, je crois que nous finirons par éclater tout à fait aussi de méchanceté. On ne nous aura laissé pour nous distraire que l'instinct de destruction. C'est lui qu'on cultive dès l'école et qu'on entretient tout au long de ce qu'on intitule encore : la vie. Neuf lignes de crimes, une d'ennui. Nous périrons tous en choeur, avec plaisir en somme, dans un monde que nous aurons mis cinquante siècles à barbeler de contraintes et d'angoisses. Il n'est peut-être que temps en somme de rendre un suprême hommage à Émile Zola à la veille d'une immense déroute, une autre. Il n'est plus question de l'imiter ou de le suivre. Nous n'avons évidemment ni le don, ni la force, ni la foi qui créent les grands mouvements d'âme. Aurait-il de son côté la force de nous juger ? Nous avons appris sur les âmes, depuis qu'il est parti, de drôles de choses. La rue des Hommes est à sens unique, la mort tient tous les cafés, c'est la belote "au sang" qui nous attire et nous garde. L’oeuvre de Zola ressemble pour nous par certains côtés à l’oeuvre de Pasteur si solide, si vivante encore, en deux ou trois points essentiels. Chez ces deux hommes, transposés, nous retrouvons la même technique méticuleuse de création, le même souci de probité expérimentale et surtout le même formidable pouvoir de démonstration chez Zola devenu épique. Ce serait beaucoup trop pour notre époque. Il fallait beaucoup de libéralisme pour supporter l'affaire Dreyfus. Nous sommes loin de ces temps, malgré tout, académiques. Selon certaines traditions, je devrais peut-être terminer mon petit travail sur un ton de bonne volonté, d'optimisme malgré tout... Or que devons-nous espérer du naturalisme dans les conditions où nous nous trouvons ? Tout et Rien. Plutôt rien, car les conflits spirituels agacent de trop près la masse de nos jours pour être tolérés longtemps. Le Doute est en train de disparaître de ce monde. On le tue en même temps que les hommes qui doutent. C'est plus sûr. "Quand j'entends seulement prononcer autour de moi le mot Esprit, je crache !" nous prévenait un dictateur récent et pour cela même adulé. On se demande ce qu'il peut faire ce sousgorille quand on lui parle du naturalisme ? Depuis Zola, le cauchemar qui entourait l'homme non seulement s'est précisé, mais il est devenu officiel. A mesure que nos "Dieux" deviennent plus puissants ils deviennent aussi plus féroces, plus jaloux et plus bêtes... Ils s'organisent. Que leur dire ? On ne se comprend plus... L'École naturaliste aura fait tout son devoir, je crois, au moment où on l'interdira dans tous les pays du monde. C'était son destin. L.F. Céline <strong>...</strong></p>