Balder Ex-Libris - Orwell GeorgeReview of books rare and missing2024-03-16T01:56:42+00:00urn:md5:aa728a70505b2fae05796923271581c2DotclearOrwell George - Une histoire birmaneurn:md5:aa65a2a9a33e6f1276641b2d7f6f67af2017-09-21T22:00:00+01:002019-09-21T21:06:11+01:00balderOrwell GeorgeIslamJewRoman <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Orwell_George_-_Une_histoire_birmane.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Orwell George</strong><br />
Ouvrage : <strong>Une histoire birmane</strong><br />
Année : 1934<br />
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U Po Kyin, magistrat sous-divisionnaire à Kyautkada, en Haute-Birmanie, était assis dans sa véranda. Il n’était encore que huit heures et demie du matin, mais en ce mois d’avril, l’air déjà lourd laissait pressentir les longues heures étouffantes de la mi-journée. Une légère brise, qui par contraste semblait fraîche, agitait de temps à autre les orchidées récemment arrosées qui retombaient par-dessus l’avancée du toit. Au-delà des orchidées, on apercevait le tronc poussiéreux et arqué d’un palmier, puis le ciel d’un outremer aveuglant. Au zénith, si haut qu’on ne pouvait les regarder sans en être ébloui, quelques vautours planaient en décrivant de grands cercles. Sans ciller, assez semblable à une grande idole de porcelaine, U Po Kyin fixait d’un air absent la lumière crue du dehors. C’était un homme proche de la soixantaine, si gros que depuis des années il ne parvenait pas à se soulever tout seul de son siège et cependant bien fait de sa personne, presque beau dans sa corpulence ; les Birmans, en prenant de l’âge, ne deviennent pas flasques et ventrus à l’instar des Blancs : ils s’arrondissent de partout à la fois, tel un fruit en train de mûrir. Son visage était large, jaune, dépourvu de la moindre ride et ses yeux avaient un reflet fauve. Il avait les pieds nus – des pieds trapus, cambrés, aux orteils tous de la même longueur – les cheveux coupés court ; et il portait un de ces longyis bigarrés de l’Arakan à carreaux verts et cramoisis qui sont la tenue ordinaire des Birmans. Il mâchait du bétel disposé près de lui sur une table dans un coffret laqué et réfléchissait à sa vie passée. Son ascension avait été brillante. Le tout premier souvenir d’U Po Kyin remontait aux années quatre-vingt. C’était alors un enfant rachitique au ventre ballonné qui regardait les forces britanniques victorieuses entrant dans Mandalay au pas cadencé. Il se rappelait la terreur que lui avait inspiré le spectacle de ces colonnes de géants mangeurs de viande, rouges de visage autant que d’uniforme ; et les longs fusils qu’ils portaient à l’épaule, et le martèlement rythmique de leurs bottes. Il avait pris ses jambes à son cou après les avoir observés quelques minutes à peine : confusément, il sentait que son peuple ne faisait pas le poids face à cette race de géants. Combattre aux côtés des Anglais, vivre en symbiose avec eux était devenu, dès sa tendre enfance, son ambition dominante. <strong>...</strong></p>Orwell George - Une fille de pasteururn:md5:5da6cd908d263602969fda986cbe4dcc2017-09-21T21:58:00+01:002019-09-21T21:06:06+01:00balderOrwell GeorgeEuropeJewRoman <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Orwell_George_-_Une_fille_de_pasteur.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Orwell George</strong><br />
Ouvrage : <strong>Une fille de pasteur</strong><br />
Année : 1935<br />
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Lorsque le réveil retentit sur la commode telle une épouvantable petite bombe de bronze, Dorothy, arrachée des profondeurs d’un rêve complexe et troublant, sursauta et se redressa en regardant les ténèbres dans un état d’épuisement extrême. Les vociférations irritantes, féminines du réveil continuaient et pouvaient durer cinq minutes si on n’y mettait pas fin. Dorothy se sentait endolorie de la tête aux pieds et, sous le coup d’une complaisance envers elle-même insidieuse et méprisable, qui la prenait en général au moment de se lever, elle s’enfouit la tête sous la couverture pour tenter de chasser ce tintamarre de ses oreilles. Elle luttait pourtant contre le sommeil et, selon son habitude, s’exhortait sans ménagement à la deuxième personne du pluriel. Allez, Dorothy, levez-vous ! Pas de roupillon, je vous prie ! Proverbes, VI, 9. Puis, s’avisant que le bruit allait réveiller son père s’il ne cessait pas sur-le-champ, elle bondit du lit, saisit le réveil et arrêta la sonnerie. Elle l’avait posé sur la commode précisément afin d’être obligée de se lever pour le faire taire. Toujours dans le noir, elle s’agenouilla alors au pied du lit et récita un Pater, mais assez distraitement, car elle avait froid aux pieds. Il était cinq heures trente précises, et il faisait frisquet pour un matin d’août. Dorothy (elle s’appelait Dorothy Hare et était la fille unique du révérend Charles Hare, pasteur de Saint-Athelstan, à Knype Hill, Suffolk) passa son vieux peignoir de pilou et descendit à tâtons l’escalier. Il y flottait cette odeur de poussière, de plâtre humide des matins frileux, mêlée à celle des limandes frites du souper de la veille. Sur le palier à l’étage, elle entendit de chaque côté du corridor les ronflements alternés d’antienne de son père et d’Ellen, la bonne à tout faire. Précautionneusement – la table de la cuisine avait la fâcheuse habitude de surgir des ténèbres pour venir vous heurter la hanche –, Dorothy tâtonna dans la cuisine, alluma la bougie sur la tablette de la cheminée, s’agenouilla et, toujours accablée de sommeil, retira les cendres du foyer. Dans la cuisine, le feu était un « animal » à allumer. N’étant pas droite, la cheminée était perpétuellement à demi obstruée, et, pour prendre, le feu attendait qu’on lui administre une rasade de pétrole, comme un ivrogne avale sa gorgée de gin matinale. Après avoir posé sur le feu la bouilloire destinée au rasage de son père, Dorothy monta à l’étage et se fit couler un bain. Ellen ronflait toujours, avec de lourdes respirations juvéniles. Une fois debout, c’était une bonne servante, très travailleuse, mais elle faisait partie de ces jeunes femmes que le diable et tous ses anges ne seraient pas parvenus à faire lever avant sept heures le matin. <strong>...</strong></p>Orwell George - Un peu d'air fraisurn:md5:00eb8ecb1a2953bb163f259f9e5b27ce2017-09-21T21:55:00+01:002019-09-21T21:06:01+01:00balderOrwell GeorgeRAHOWARomanWorld Church of the Creator <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Orwell_George_-_Un_peu_d_air_frais.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Orwell George</strong><br />
Ouvrage : <strong>Un peu d'air frais</strong><br />
Année : 1939<br />
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À vrai dire, c’est le jour où j’ai étrenné mon dentier que l’idée m’est venue. Je me le rappelle très bien. Vers huit heures moins le quart, j’avais sauté du lit pour occuper la salle de bains juste avant les gosses. Un matin de janvier sinistre, avec un ciel gris-jaunâtre, un ciel sale. Par le petit carré de la fenêtre, j’apercevais le jardin de derrière, comme nous l’appelons. Dix mètres sur cinq d’un gazon pelé au milieu, entouré d’une haie de troènes. Il y a le même, avec les mêmes troènes et la même haie, dans chaque maison d’Ellesmere Road. La seule différence, c’est que là où il n’y a pas de gosses le milieu n’est pas dégarni d’herbe. J’essayais de me raser avec une vieille lame pendant que l’eau coulait dans la baignoire. Mon visage m’était renvoyé par la glace qui me montrait aussi les dents faites pour aller avec – plus bas, dans un verre d’eau posé sur la petite étagère du lavabo. Warner, le dentiste, m’avait procuré cet appareil provisoire, pour me faire patienter. Je n’ai pas une tête à faire fuir les gens, en réalité. Un teint rouge brique assez répandu, des cheveux d’un jaune paille comme le beurre avec des yeux d’un bleu pâle. Je ne suis ni chauve ni grisonnant, Dieu merci, et avec mes dents je ne parais sans doute pas mes quarante-cinq ans. Tout en me disant qu’il me faudrait acheter des lames de rasoir, je me plongeai dans la baignoire et me mis à me savonner les bras (des bras dodus couverts de taches de rousseur jusqu’au coude), puis je me frottais les omoplates avec la brosse. Réduit à mes propres moyens, j’en serais incapable. C’est fâcheux, mais différentes parties de mon individu me sont désormais hors d’atteinte. La vérité est que j’ai tendance à l’embonpoint. Je ne veux pas dire qu’on pourrait m’exhiber à la foire comme un phénomène. Je ne dépasse guère les quatre-vingt-dix kilos, et la dernière fois que j’ai pris mes mensurations, mon tour de taille devait être d’un mètre trente ou quarante – je ne sais plus au juste. Je n’ai pas la bedaine qui pendouille jusqu’aux genoux, je ne suis pas un de ces obèses qu’on trouve dégoûtants. C’est seulement que j’ai le derrière un peu fort, et un petit quelque chose qui me donne l’air d’un tonneau. Vous aurez entendu parler du brave type, allant et robuste, qu’on surnomme sacré gars, et qui est le boute-en-train de la société ? Voilà, c’est moi. En général, on m’appelle le bon gros. Le bon gros Bowling. Mon vrai nom, c’est George Bowling. Mais à ce moment-là, je ne me sentais pas du tout le boute-en-train de la société. Et je me disais que ces temps-ci j’étais presque toujours d’humeur morose au début de la matinée, en dépit d’un sommeil excellent et d’une bonne digestion. <strong>...</strong></p>Orwell George - Tels, tels étaient nos plaisirs et autres essaisurn:md5:f603f18de31b181d2fef61f6dd8b4f552017-09-21T21:50:00+01:002019-09-21T21:05:57+01:00balderOrwell GeorgeConspiracyJewRoman <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Orwell_George_-_Tels_tels_etaient_nos_plaisirs_et_autres_essais.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Orwell George</strong><br />
Ouvrage : <strong>Tels, tels étaient nos plaisirs et autres essais (1944-1949)</strong><br />
Année : 1949<br />
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L’immunité artistique : quelques notes sur Salvador Dali Les seules autobiographies dignes de foi sont celles qui dévoilent quelque chose de honteux. Un homme qui se dépeint sous un jour favorable est probablement en train de mentir, car toute existence, vue de l’intérieur, n’est qu’une longue suite d’échecs. Cependant, même le livre le plus évidemment mensonger (les écrits autobiographiques de Frank Harris, par exemple) peut livrer malgré lui un portrait fidèle de son auteur. L’autobiographie récemment publiée par Dali appartient à cette catégorie. Certains des épisodes qui y sont relatés sont proprement incroyables, d’autres ont été arrangés et romancés, et non seulement les humiliations mais aussi la constante banalité de la vie quotidienne sont soigneusement omises. Dali est, de son propre aveu, un personnage narcissique, et son autobiographie est essentiellement un numéro de strip-tease effectué sous la lumière rose d’un projecteur. Mais en tant que témoignage sur les fantasmes, sur les perversions de l’instinct rendues possibles par l’âge de la machine, elle possède une réelle valeur. Voici donc quelques-uns des épisodes de la vie de Dali depuis sa petite enfance. Peu importe de savoir lesquels sont vrais et lesquels sont imaginaires : ce qui compte, c’est que ce sont là des choses que Dali aurait aimé faire. Il a six ans, et l’on attend avec une grande excitation l’apparition de la comète de Halley : Soudain l’un des employés de mon père apparut à la porte du salon et annonça que de la terrasse on pouvait voir la comète… En traversant le corridor j’aperçus ma petite soeur de trois ans à quatre pattes dans l’embrasure d’une porte. Je m’arrêtai, hésitai une seconde, puis lui lançai un terrible coup de pied dans la tête comme si ç’avait été un ballon et continuai de courir, submergé par la « joie délirante » qu’avait fait naître cet acte barbare. Mais mon père, qui se trouvait derrière moi, m’attrapa et me fit descendre dans son bureau, où je dus rester en punition jusqu’à l’heure du dîner. Un an plus tôt, Dali avait « brusquement, comme la plupart du temps quand il lui vient une idée », précipité un petit garçon du haut d’un pont suspendu. Plusieurs autres incidents du même ordre sont relatés, notamment (il était alors âgé de vingt-neuf ans) celui où il jeta à terre et piétina une jeune fille « jusqu’au moment où on dut l’entraîner, ensanglantée, hors de (sa) portée ». Vers l’âge de cinq ans, il capture une chauve-souris blessée qu’il dépose dans un seau en fer-blanc. Le lendemain matin, il découvre que la chauve-souris, à peu près morte, est couverte de fourmis en train de la dévorer. Il l’introduit alors dans sa bouche, avec les fourmis et tout, et, d’un coup de dents, la coupe presque en deux. <strong>...</strong></p>Orwell George - Le quai de Wiganurn:md5:972c0da4b0d2e4280f50e7dde32cd43c2017-09-21T21:47:00+01:002019-09-21T21:05:51+01:00balderOrwell GeorgeAngleterreCommunismConspiracyFascismJewRomanUnited States <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Orwell_George_-_Le_quai_de_Wigan.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Orwell George</strong><br />
Ouvrage : <strong>Le quai de Wigan</strong><br />
Année : 1937<br />
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Première partie. I. Le premier bruit du matin, c’était le pas des ouvrières et le son de leurs galoches sur la rue pavée. Avant, il y avait, sans doute, les sifflets d’usine, mais je n’étais pas réveillé pour les entendre. Nous étions la plupart du temps quatre à dormir dans cette chambre — et l’endroit était véritablement sinistre, avec cet air de précarité honteuse que l’on retrouve dans tous les lieux détournés après coup de leur destination première. Bien des années avant, la maison avait été une maison d’habitation comme tant d’autres. Mais, en la reprenant pour en faire une pension de famille et boutique de tripier, les Brooker avaient hérité de tout un bric-à-brac dont ils n’avaient jamais eu le coeur de se débarrasser. Nous couchions donc dans ce qui avait jadis été, selon toute évidence, un salon. Du plafond pendait un pesant lustre en verre disparaissant presque sous une véritable pelisse de poussière. Adossé à l’un des murs, qu’il écrasait de sa masse, se trouvait un meuble hideux, tenant à la fois du buffet et du porte-habits, couvert de moulures, de petits tiroirs et de bouts de miroir. Au sol, un tapis, évocateur de fastes passés, portait, comme autant de stigmates du temps, les empreintes circulaires d’innombrables seaux de ménage. Il y avait encore deux chaises dorées au siège éventré et un de ces antiques fauteuils en crin qui vous expédient illico à terre pour peu que vous tentiez de vous y installer. La pièce avait été transformée en chambre à coucher par la grâce de quatre lits crasseux casés tant bien que mal au milieu des autres épaves. Mon lit se trouvait à droite en entrant, dans le coin le plus rapproché de la porte. Il y en avait un autre, coincé tout contre le pied du mien — seule disposition possible si l’on voulait pouvoir encore ouvrir la porte. De sorte que j’étais condamné à dormir en chien de fusil pour épargner à mon voisin de solides ruades dans le bas du dos. Ce voisin, un certain M. Reilly, était un homme assez âgé, une sorte de mécanicien qui travaillait « au jour » dans l’une des houillères. Heureusement pour moi, il partait rejoindre son poste de travail à cinq heures du matin, ce qui me laissait deux heures où je pouvais enfin étendre les jambes et dormir à mon aise. Le lit d’en face était occupé par un Écossais, victime d’un accident de la mine : un bloc de roche l’avait cloué au sol et il avait dû attendre deux longues heures pour qu’on arrive à le dégager. Moyennant quoi, il avait touché cinq cents livres d’indemnité. <strong>...</strong></p>Orwell George - Hommage à la Catalogneurn:md5:a9503a08058383d3b6c3e4fadf80876a2017-09-21T21:43:00+01:002019-09-21T21:05:47+01:00balderOrwell GeorgeConspiracyEconomyEspagneJewThe protocols of the learned elders of zionUnited States <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Orwell_George_-_Hommage_a_la_Catalogne.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Orwell George</strong><br />
Ouvrage : <strong>Hommage à la Catalogne (1936-1937)</strong><br />
Année : 1938<br />
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Dans la caserne Lénine, à Barcelone, la veille de mon engagement dans les milices, je vis, debout devant la table des officiers, un milicien italien. C’était un jeune homme de vingt-cinq ou vingt-six ans, de forte carrure, les cheveux d’un jaune roussâtre, l’air inflexible. Il portait sa casquette à visière de cuir farouchement inclinée sur l’oeil. Je le voyais de profil : le menton touchant la poitrine, les sourcils froncés comme devant un casse-tête, il contemplait la carte que l’un des officiers avait dépliée sur la table. Quelque chose en ce visage m’émut profondément. C’était le visage de qui est capable de commettre un meurtre et de donner sa vie pour un ami, le genre de visage qu’on s’attend à voir à un anarchiste – encore que cet homme fût peut-être bien un communiste. Il reflétait, ce visage, la bonne foi en même temps que la férocité, et ce pathétique respect aussi, que les illettrés vouent à ceux qui sont censés leur être supérieurs. On voyait aussitôt que ce milicien ne comprenait rien à la carte et qu’il en considérait la lecture comme un prodigieux tour de force intellectuel. Je ne sais trop pourquoi, mais j’ai rarement vu quelqu’un – j’entends, un homme – pour qui je me sois ainsi pris d’une sympathie instantanée. Au cours de la conversation, une quelconque remarque révéla incidemment mon identité d’étranger. L’Italien releva la tête et dit vivement : « Italiano ? En mon mauvais espagnol je répondis : - No. Inglés. Y tú ? - Italiano. » Lorsque nous fûmes sur le point de sortir, il vint à moi et me serra la main très fort. C’est étrange, l’affection qu’on peut ressentir pour un inconnu ! Ce fut comme si la fougue de nos deux coeurs nous avait momentanément permis de combler l’abîme d’une langue, d’une tradition différentes, et de nous rejoindre dans une parfaite intimité. J’ai plaisir à croire qu’il éprouva pour moi une sympathie aussi vraie que celle qu’il m’inspira. Mais je compris aussi que si je voulais conserver de lui ma première impression, il me fallait ne point le revoir ; et il va sans dire que je ne l’ai jamais revu. C’était courant en Espagne, des contacts de ce genre. Si je parle de ce milicien italien, c’est que j’ai gardé de lui un souvenir vivace. Avec son uniforme minable et son visage farouche et pathétique, il est demeuré pour moi le vivant symbole de l’atmosphère toute particulière de ce temps-là. Il est lié à tous mes souvenirs de cette période de la guerre : drapeaux rouges flottant sur Barcelone, trains lugubres bondés de soldats loqueteux roulant lentement vers le front, villes grises ravagées de l’arrière, tranchées boueuses et glaciales dans les montagnes. <strong>...</strong></p>Orwell George - Et vive l'aspidistra !urn:md5:5e8acf0bff5190e4cd4e7b87423913642017-09-21T21:38:00+01:002019-09-21T21:05:42+01:00balderOrwell GeorgeAngleterreFascismeIron GuardRomanRomania <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Orwell_George_-_Et_vive_l_aspidistra.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Orwell George</strong><br />
Ouvrage : <strong>Et vive l'aspidistra !</strong><br />
Année : 1936<br />
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La demie de deux heures sonna à la pendule. Dans le petit bureau à l’arrière de la boutique de M. McKechnie, Gordon - Gordon Comstock, dernier rejeton de la famille Comstock, âgé de vingt-neuf ans et déjà assez piqué des vers - tirait sa flemme, accoudé à la table, ouvrant et fermant du pouce un paquet à quatre pence de Player’s Weights. Le ding-ding-dong d’une autre pendule, plus éloignée - celle du Prince de Galles, de l’autre côté de la rue - rida l’air stagnant. Gordon fit un effort, se redressa sur sa chaise et rangea son paquet de cigarettes dans sa poche intérieure. Il mourait d’envie de fumer. Mais il ne lui restait que quatre cigarettes. On était mercredi et il ne toucherait pas d’argent avant vendredi. Ce serait trop embêtant de n’avoir pas de tabac du tout ce soir, ainsi que toute la journée, demain. Empoisonné par avance à l’idée de toutes ces heures sans tabac du lendemain, il se leva et se dirigea vers la porte - petite silhouette frêle, à l’ossature chétive et aux gestes agacés. Son veston n’en pouvait plus au coude de la manche droite et le bouton du milieu manquait ; son pantalon de flanelle de confection était taché et informe. Même sans se baisser, on pouvait voir que ses souliers avaient besoin d’être ressemelés. L’argent tinta dans la poche de son pantalon quand il se leva. Il savait exactement quelle somme il avait là. Cinq pence et demi - deux pence et demi et un « Joey »1 . Il s’arrêta, sortit la dérisoire petite pièce de trois pence et la regarda. Sale pièce, bonne à rien ! Et quel bougre d’idiot de l’avoir acceptée ! C’était arrivé hier, quand il avait acheté des cigarettes. « Ça vous fait rien, M’sieur, une pièce de trois pence ? » avait gazouillé cette petite rosse de vendeuse. Et naturellement il se l’était laissé donner ! « Oh, non ! rien du tout ! » avait-il dit, bougre d’idiot qu’il était ! Le coeur lui manqua à la pensée qu’il n’avait au monde que cinq pence et demi, dont trois qu’on ne pouvait dépenser, par-dessus le marché. Car comment pourriez-vous acheter quelque chose avec une pièce de trois pence ? Ce n’est pas une pièce de monnaie, c’est la réponse à une devinette. Vous avez tellement l’air idiot quand vous la sortez de votre poche, à moins qu’elle ne se trouve parmi toute une poignée d’autres pièces. « Combien ? » demandez-vous. « Trois pence », dit la vendeuse. Et alors vous voilà farfouillant dans votre poche et y péchant cet absurde petit machin, tout seul, collé au bout de votre doigt comme une puce. La vendeuse a un reniflement de dédain. Son flair lui dit tout de suite que c’est là vos trois derniers pence au monde. Vous la voyez lui lancer un coup d’oeil - elle est en train de se demander s’il n’y reste pas un morceau de pudding de Noël collé après. Et vous sortez d’un air digne, le nez en l’air, et vous ne pouvez plus jamais revenir dans ce magasin. Non ! nous ne voudrions pas dépenser notre « Joey ». Restent deux pence et demi - deux pence et demi pour aller jusqu’à vendredi. <strong>...</strong></p>Orwell George - Dans le ventre de la baleine et autres essaisurn:md5:86ac56dca61cd2de03d5e6df58d446722017-09-21T21:33:00+01:002019-09-21T21:05:36+01:00balderOrwell GeorgeJewRoman <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Orwell_George_-_Dans_le_ventre_de_la_baleine_et_autres_essais.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Orwell George</strong><br />
Ouvrage : <strong>Dans le ventre de la baleine et autres essais (1931-1943)</strong><br />
Année : 1943<br />
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Pourquoi j’écris. Très tôt - dès, je crois, l’âge de cinq ou six ans - j’ai su que je serais un jour écrivain. Entre ma dix-septième et ma vingt-quatrième année, je me suis efforcé d’abandonner cette idée, tout en étant conscient que, ce faisant, je contrariais ma véritable nature et qu’il me faudrait tôt ou tard me mettre à écrire des livres. J’étais le deuxième enfant d’une famille qui en comptait trois, mais il y avait un écart de cinq ans entre chacun de nous et, jusqu’à l’âge de huit ans, je n’ai fait qu’entrevoir mon père. Ceci explique, entre autres choses, que j’aie été plutôt solitaire et que j’aie acquis très tôt des manies déplaisantes qui me valurent l’antipathie de mes camarades de classe. Comme tous les enfants solitaires, j’avais pris l’habitude de m’inventer des histoires et de converser avec des personnages imaginaires ; et je crois que d’emblée mes ambitions littéraires furent liées au sentiment que j’avais d’être méjugé, mis à l’écart. J’étais conscient d’avoir un don pour le langage et une capacité à aborder de front les aspects désagréables de l’existence, et je me rendais compte que je me créais ainsi une sorte d’univers à part où je pouvais échapper aux déceptions quotidiennes de ma vie. Cela dit, la somme d’écrits sérieux - comprenez : se voulant sérieux - que j’ai produite pendant mon enfance et mon adolescence n’excède guère une demi-douzaine de pages. J’ai écrit mon premier poème à l’âge de cinq ans, ma mère le prenant sous ma dictée. Je ne m’en souviens plus du tout, sauf qu’il y était question d’un tigre et que ce tigre avait des « dents comme des chaises » - l’expression était jolie, mais je crois bien que mon poème était directement imité du « Tiger, Tiger » de Blake. À onze ans, alors qu’éclatait la Première Guerre mondiale, j’ai écrit un poème patriotique qui eut les honneurs de la publication dans la presse locale ainsi que, deux ans plus tard, un autre sur la mort de Kitchener. Par la suite, j’écrivis encore quelques poèmes bucoliques dans le style georgien - mauvais et la plupart du temps inachevés. Je me suis aussi essayé, par deux fois me semble-t-il, à écrire une nouvelle qui se solda en définitive par un lamentable échec. Voilà toutes les oeuvres « sérieuses » que j’ai couchées sur le papier au long de ces années. Néanmoins, durant toute cette époque, j’eus bien une activité pouvant en un sens être qualifiée de « littéraire ». Il s’agissait tout d’abord de devoirs que j’effectuais rapidement, facilement et sans en tirer beaucoup de satisfaction personnelle. À côté de mon travail scolaire, j’écrivais des vers d’occasion, des poésies semi-comiques que je troussais à une vitesse qui me paraît aujourd’hui ahurissante – à quatorze ans, j’ai écrit, en une huitaine de jours, toute une pièce en vers imitée d’Aristophane. En outre, je participais à l’édition de divers journaux scolaires publiés tantôt sous forme imprimée, tantôt sous forme manuscrite. <strong>...</strong></p>Orwell George - Ecrits politiquesurn:md5:c631c7c5aeee499526b2f55c5b0df1402017-09-21T18:34:00+01:002019-09-21T21:05:32+01:00balderOrwell GeorgeAngleterreEconomy <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Orwell_George_-_Ecrits_politiques.jpg" alt="" /><br />
Auteur : <strong>Orwell George</strong><br />
Ouvrage : <strong>Ecrits politiques (1928-1949) Sur le socialisme, les intellectuels & la démocratie</strong><br />
Année : 1949<br />
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Préface. En donnant à lire au public francophone quarante-quatre textes de George Orwell jusqu’ici inaccessibles, ce recueil vient combler des lacunes importantes qui entravaient la connaissance de l’auteur de 1984 ; il fournit des raisons supplémentaires de reconnaître enfin en lui une figure de la gauche radicale et un penseur politique de premier plan. Outre Hommage à la Catalogne, la seconde partie du Quai de Wigan et les chroniques À ma guise, le lecteur francophone qui s’intéresse aux idées politiques d’Orwell dispose – depuis 2001 seulement – de quatre forts volumes d’Essais, articles et lettres, où, à côté d’autres plus littéraires, on trouve de nombreux textes politiques fondamentaux : « Le Lion et la Licorne », les « Lettres de Londres », « La politique et la langue anglaise », les essais sur Burnham, sur Koestler, et bien d’autres encore. Ces volumes sont la traduction de la large sélection de textes de « non-fiction » d’Orwell qui fut publiée, en 1968, par sa veuve, Sonia. Toutefois, comme le souligne Bernard Crick dans sa biographie de référence, Sonia Orwell « n’appréciait pas le positionnement politique d’Orwell, l’atténuant sans aucun doute lorsqu’elle se chargea de l’édition des Essais, articles et lettres » (GO, 685). Elle a ainsi écarté de sa sélection plusieurs articles à destination de lecteurs militants ou très politisés, comme les deux chapitres inclus dans le livre collectif La Trahison de la gauche, la conférence à la Fabian Society sur « Culture et démocratie », ou le bilan de trois années de gouvernement travailliste. De même, elle a laissé de côté la plupart des articles particulièrement radicaux de la période du « patriotisme révolutionnaire » (1941), quand Orwell estime qu’on ne mobilisera pas les énergies du peuple anglais contre Hitler sans chasser du pouvoir la vieille classe dirigeante et qu’il appelle les militants socialistes à s’engager comme lui dans la Home Guard pour transformer cette force de défense territoriale en une milice démocratique et politisée. En outre, en 1968, plusieurs articles n’avaient pas encore été retrouvés, d’autres, qu’Orwell a publiés anonymement, n’avaient pas été identifiés, et une partie de la correspondance restait à exhumer. Or, depuis la publication en 1998 par Peter Davison des monumentales Complete Works en vingt volumes, on dispose d’une édition de l’oeuvre d’Orwell à peu près exhaustive et quasi définitive dotée de tout l’appareil critique nécessaire. <strong>...</strong></p>Orwell George - Animal farm 50th anniversary editionurn:md5:32abcc2babc13a5b988b7c0ccd153a712017-03-09T15:45:00+00:002017-04-21T22:58:32+01:00balderOrwell GeorgeAmericaNovelRevolutionSecond World WarUnited States <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img4/Orwell_Georges_-_Animal_farm_50th_anniversary_edition.jpg" alt="" /><br />
Author : <strong>Orwell George (Blair Eric Arthur)</strong><br />
Title : <strong>Animal farm 50th anniversary edition</strong><br />
Year : 1995<br />
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Since its publication fifty years ago, Animal Farm has become one of the most controversial books ever written. It has been translated into seventy languages and sold millions of copies throughout the world. This edition is being published to commemorate the fiftieth anniversary of its original U.S. publication. It features 100 full-color and halftone illustrations by world-renowned artist Ralph Steadman. As vital and relevant as it was fifty years ago, Animal Farm is a devastating satire of the Soviet Union by the man V S. Pritchett called "the conscience of his generation." A fable about an uprising of farm animals against their human masters, it illustrates how new tyranny replaces old in the wake of revolutions and power corrupts even the noblest of causes. <strong>...</strong></p>Orwell George - Ninety Eighty Foururn:md5:2bd7d0c80af4737575c4d599176e7ad12012-07-10T17:09:00+01:002017-04-21T22:58:19+01:00balderOrwell GeorgeJewNovel <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img/.Orwell_Georges_-_Ninety_Eighty_Four_s.jpg" alt="" /><br />
Author : <strong>Orwell George (Blair Eric Arthur)</strong><br />
Title : <strong>1984 Ninety Eighty Four</strong><br />
Year : 1948<br />
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It was a bright cold day in April, and the clocks were striking thirteen. Winston Smith, his chin nuzzled into his breast in an effort to escape the vile wind, slipped quickly through the glass doors of Victory Mansions, though not quickly enough to prevent a swirl of gritty dust from entering along with him. The hallway smelt of boiled cabbage and old rag mats. At one end of it a coloured poster, too large for indoor display, had been tacked to the wall. It depicted simply an enormous face, more than a metre wide: the face of a man of about forty-five, with a heavy black moustache and ruggedly handsome features. Winston made for the stairs. It was no use trying the lift. Even at the best of times it was seldom working, and at present the electric current was cut off during daylight hours. It was part of the economy drive in preparation for Hate Week. The flat was seven flights up, and Winston, who was thirty-nine and had a varicose ulcer above his right ankle, went slowly, resting several times on the way. On each landing, opposite the liftshaft, the poster with the enormous face gazed from the wall. It was one of those pictures, which are so contrived that the eyes follow you about when you move. BIG BROTHER IS WATCHING YOU, the caption beneath it ran. Inside the flat a fruity voice was reading out a list of figures which had something to do with the production of pig-iron. The voice came from an oblong metal plaque like a dulled mirror which formed part of the surface of the right-hand wall. Winston turned a switch and the voice sank somewhat, though the words were still distinguishable. The instrument (the telescreen, it was called) could be dimmed, but there was no way of shutting it off completely. He moved over to the window: a smallish, frail figure, the meagreness of his body merely emphasized by the blue overalls which were the uniform of the party. His hair was very fair, his face naturally sanguine, his skin roughened by coarse soap and blunt razor blades and the cold of the winter that had just ended. Outside, even through the shut window-pane, the world looked cold. Down in the street little eddies of wind were whirling dust and torn paper into spirals, and though the sun was shining and the sky a harsh blue, there seemed to be no colour in anything, except the posters that were plastered everywhere. The blackmoustachio'd face gazed down from every commanding corner. There was one on the house-front immediately opposite. BIG BROTHER IS WATCHING YOU, the caption said, while the dark eyes looked deep into Winston's own. Down at streetlevel another poster, torn at one corner, flapped fitfully in the wind, alternately covering and uncovering the single word INGSOC. In the far distance a helicopter skimmed down between the roofs, hovered for an instant like a bluebottle, and darted away again with a curving flight. It was the police patrol, snooping into people's windows. The patrols did not matter, however. Only the Thought Police mattered. Behind Winston's back the voice from the telescreen was still babbling away about pig-iron and the overfulfilment of the Ninth Three-Year Plan. The telescreen received and transmitted simultaneously. Any sound that Winston made, above the level of a very low whisper, would be picked up by it, moreover, so long as he remained within the field of vision which the metal plaque commanded, he could be seen as well as heard. There was of course no way of knowing whether you were being watched at any given moment. How often, or on what system, the Thought Police plugged in on any individual wire was guesswork. It was even conceivable that they watched everybody all the time. But at any rate they could plug in your wire whenever they wanted to. You had to live - did live, from habit that became instinct - in the assumption that every sound you made was overheard, and, except in darkness, every movement scrutinized. Winston kept his back turned to the telescreen. It was safer, though, as he well knew, even a back can be revealing. A kilometre away the Ministry of Truth, his place of work, towered vast and white above the grimy landscape. This, he thought with a sort of vague distaste -- this was London, chief city of Airstrip One, itself the third most populous of the provinces of Oceania. He tried to squeeze out some childhood memory that should tell him whether London had always been quite like this. Were there always these vistas of rotting nineteenth-century houses, their sides shored up with baulks of timber, their windows patched with cardboard and their roofs with corrugated iron, their crazy garden walls sagging in all directions? And the bombed sites where the plaster dust swirled in the air and the willow-herb straggled over the heaps of rubble; and the places where the bombs had cleared a larger patch and there had sprung up sordid colonies of wooden dwellings like chicken-houses? But it was no use, he could not remember: nothing remained of his childhood except a series of bright-lit tableaux occurring against no background and mostly unintelligible. <strong>...</strong></p>Orwell George - Animal farmurn:md5:7dacc9661b75acbe84ca500875ce4b892012-07-10T17:06:00+01:002017-04-21T22:58:02+01:00balderOrwell GeorgeNovelRevolution <p><img src="https://balderexlibris.com/public/img/.Orwell_Georges_-_Animal_farm_s.jpg" alt="" /><br />
Author : <strong>Orwell George (Blair Eric Arthur)</strong><br />
Title : <strong>Animal farm</strong><br />
Year : 1945<br />
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MR. JONES, of the Manor Farm, had locked the hen-houses for the night, but was too drunk to remember to shut the popholes. With the ring of light from his lantern dancing from side to side, he lurched across the yard, kicked off his boots at the back door, drew himself a last glass of beer from the barrel in the scullery, and made his way up to bed, where Mrs. Jones was already snoring. As soon as the light in the bedroom went out there was a stirring and a fluttering all through the farm buildings. Word had gone round during the day that old Major, the prize Middle White boar, had had a strange dream on the previous night and wished to communicate it to the other animals. It had been agreed that they should all meet in the big barn as soon as Mr. Jones was safely out of the way. Old Major (so he was always called, though the name under which he had been exhibited was Willingdon Beauty ) was so highly regarded on the farm that everyone was quite ready to lose an hour's sleep in order to hear what he had to say. At one end of the big barn, on a sort of raised platform, Major was already ensconced on his bed of straw, under a lantern which hung from a beam. He was twelve years old and had lately grown rather stout, but he was still a majestic-looking pig, with a wise and benevolent appearance in spite of the fact that his tushes had never been cut. Before long the other animals began to arrive and make themselves comfortable after their different fashions. First came the three dogs, Bluebell, Jessie, and Pincher , and then the pigs, who settled down in the straw immediately in front of the platform. The hens perched themselves on the window-sills, the pigeons fluttered up to the rafters, the sheep and cows lay down behind the pigs and began to chew the cud. The two cart-horses, Boxer and Clover, came in together, walking very slowly and setting down their vast hairy hoofs with great care lest there should be some small animal concealed in the straw. Clover was a stout motherly mare approaching middle life, who had never quite got her figure back after her fourth foal. Boxer was an enormous beast, nearly eighteen hands high, and as strong as any two ordinary horses put together. A white stripe down his nose gave him a somewhat stupid appearance, and in fact he was not of first-rate intelligence, but he was universally respected for his steadiness of character and tremendous powers of work. After the horses came Muriel, the white goat, and Benjamin, the donkey. Benjamin was the oldest animal on the farm, and the worst tempered. He seldom talked, and when he did, it was usually to make some cynical remark—for instance, he would say that God had given him a tail to keep the flies off, but that he would sooner have had no tail and no flies. Alone among the animals on the farm he never laughed. If asked why, he would say that he saw nothing to laugh at. Nevertheless, without openly admitting it, he was devoted to Boxer; the two of them usually spent their Sundays together in the small paddock beyond the orchard, grazing side by side and never speaking. The two horses had just lain down when a brood of ducklings, which had lost their mother, filed into the barn, cheeping feebly and wandering from side to side to find some place where they would not be trodden on. Clover made a sort of wall round them with her great foreleg, and the ducklings nestled down inside it and promptly fell asleep. At the last moment Mollie, the foolish, pretty white mare who drew Mr. Jones's trap, came mincing daintily in, chewing at a lump of sugar. She took a place near the front and began flirting her white mane, hoping to draw attention to the red ribbons it was plaited with. Last of all came the cat, who looked round, as usual, for the warmest place, and finally squeezed herself in between Boxer and Clover; there she purred contentedly throughout Major's speech without listening to a word of what he was saying. All the animals were now present except Moses, the tame raven, who slept on a perch behind the back door. When Major saw that they had all made themselves comfortable and were waiting attentively, he cleared his throat and began: "Comrades, you have heard already about the strange dream that I had last night. But I will come to the dream later. I have something else to say first. I do not think, comrades, that I shall be with you for many months longer, and before I die, I feel it my duty to pass on to you such wisdom as I have acquired. I have had a long life, I have had much time for thought as I lay alone in my stall, and I think I may say that I understand the nature of life on this earth as well as any animal now living. It is about this that I wish to speak to you. "Now, comrades, what is the nature of this life of ours? Let us face it: our lives are miserable, laborious, and short. We are born, we are given just so much food as will keep the breath in our bodies, and those of us who are capable of it are forced to work to the last atom of our strength; and the very instant that our usefulness has come to an end we are slaughtered with hideous cruelty. No animal in England knows the meaning of happiness or leisure after he is a year old. No animal in England is fr ee. The life of an animal is misery and slavery: that is the plain truth. <strong>...</strong></p>