Deneault Alain - Noir Canada


Auteurs : Deneault Alain - Abadie Delphine - Sacher William
Ouvrage : Noir Canada Pillage, corruption et criminalité en Afrique
Année : 2008

Lien de téléchargement : Deneault_Alain_-_Noir_Canada.zip

Le Canada dans la « Mafia-frique». Il est impossible de parcourir une gazette quelconque, de n'importe quel jour, ou quel mois, ou quelle année, sans y trouver, à chaque ligne, les signes de la perversité humaine la plus épouvantable, en même temps que les vanteries les plus surprenantes de probité, de bonté, de charité, et les affirmations les plus effrontées, relatives au progrès et à la civilisation. — CHARLES BAUDELAIRE CE JOUR-LÀ, SOUS LE SOLEIL DE TORONTO, le fils de Pierre- Elliott Trudeau déclare : « Il nous faut repousser les frontières du Canada jusqu'à ce qu'elles recoupent celles du monde. » Des applaudissements fusent éperdument. Cette affirmation aussi niaise que grave, qui passerait en maintes régions du monde comme l'appel à un renouveau colonialiste, portée là par la sémantique canadienne, se veut au contraire une profession de foi magnanime. Nous serions intrinsèquement bons et capables uniquement du bien. C'est à cette mystification que nous nous attaquons ici. Les effets du Canada, le monde y goûte déjà amplement : ingérence politique et contrats léonins dans la fragile République démocratique du Congo, partenariats avec les seigneurs de guerre, vendeurs d'armes et mercenaires de la région à feu et à sang des Grands Lacs, collusions mafieuses dans l'Ouganda voisin, accentuation des tensions armées autour du pétrole d'Ituri, mineurs enterrés vifs en Tanzanie, corruption au Lesotho, empoisonnement massif et génocide involontaire » au Mali, expropriations brutales au Ghana, transformation des Ivoiriens en cobayes pharmaceutiques, barrages hydroélectriques dévastateurs au Sénégal, privatisation sauvage du transport ferroviaire en Afrique de l'Ouest... Des sociétés canadiennes épaulées par notre gouvernement affligent l'Afrique tandis que nous bercent ici, au loin de tellement de violence, les discours lénifiants à notre propre sujet. Notre travail, en ces pages, consiste à recenser les abus notoires que nombre de sociétés canadiennes ont commis sur le continent noir, à analyser le soutien politique et diplomatique que leur apportent les autorités politiques du Canada, de même qu'à établir le contexte géopolitique et financier de l'exploitation éhontée de l'Afrique à laquelle des entités canadiennes participent frénétiquement. Nous consacrons donc notre recherche aux « intérêts canadiens » sous toutes leurs formes et dénotons par cette expression des acteurs de trois ordres : les sociétés qui ont leur siège social au Canada et constituent ici des sociétés de droit, les sociétés étrangères qui sont cotées en Bourse à Toronto ou dans une autre ville canadienne et enfin les investisseurs du Canada engagés dans des structures enregistrées ailleurs dans le monde (a fortiori s'il s'agit d'un paradis fiscal). Une jurisprudence qui peine à s'imposer dans le nouvel ordre économique mondial tend à prescrire que les sociétés inscrites en Bourse ou enregistrées dans un pays, de même que les ressortissants de ce dernier, doivent répondre des lois ou moeurs politiques en vigueur dans le pays en question. Le « groupe d'experts » mandaté par le conseil de sécurité de l'ONU, auteur de nombreux rapports sur le contexte mafieux des tractations économiques survenues au Congo oriental (la « République démocratique du Congo ») de 1996 à 2003, a avancé que les sociétés impliquées dans ces affaires — plusieurs étaient canadiennes — devaient trouver dans les législations où elles sont « basées » une forme légale d'encadrement quant à ce qu'elles font à l'étranger. « Les gouvernements des pays où sont basés les individus, entreprises et institutions financières qui se livrent systématiquement et activement à cette exploitation devraient assumer leur part de responsabilité. Ils ont le pouvoir de réglementer leurs actions et de les sanctionner. Ils pourraient, le cas échéant, adapter leur législation nationale de manière à enquêter réellement sur les trafiquants et les traduire en justice. D'autant qu'il convient lui-même de son rôle, en théorie, dans la brochure qu'il a fait distribuer au grand public, en 2006, à l'occasion de ses « Tables rondes sur l'exploitation minière en Afrique ». Bien qu'« établir la nationalité d'une entreprise extractive est une question complexe. » Le gouvernement canadien devrait donc, en principe, en avoir plein les bras. », ce document de travail, émis par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, reconnaît comme canadiennes les sociétés qui ont un lien ténu avec le pays, tout comme celles qui ont pris racine au Canada depuis l'étranger, sans parler bien sûr des sociétés qui ont émergé ici même. « À l'une extrémité du spectre se trouvent les entreprises qui sont tout simplement inscrites aux Bourses canadiennes, sans qu'on puisse établir un autre lien avec le Canada. À l'autre extrémité, on retrouve les entreprises dont le siège social est au Canada, qui emploient une majorité de ressortissants canadiens comme agents et sont régies par un conseil d'administration établi au Canada. Pour les fins des tables rondes nationales, on entendra par "industries extractives canadiennes" toutes les entreprises de ce spectre. Selon le document, il revient ainsi aux autorités canadiennes de veiller à ce que les entreprises sises ici fassent preuve de « responsabilité sociale » relativement aux questions politiques, environnementales et économiques ». Toutes ces entreprises se soumettent donc au gouvernement canadien parce que toutes, surtout, jouissent des avantages que leur confère le cadre juridique, institutionnel et fiscal du pays. Tant de bonnes intentions ne nous rassureront que si l'on succombe à la réputation usurpée du " bon gars » que le Canada s'est donnée à l'échelle internationale. Le Canada se barde d'ailleurs de tous les documents et déclarations qu'il trouve pour prouver ses bonnes dispositions, se réclamant non seulement de l'OCDE, mais également de la Société financière internationale et du « Pacte mondial des Nations unies ». Dans les faits, toutefois, le Canada s'est montré jusqu'à maintenant d'un soutien sans faille à l'égard de ses sociétés privées, même lorsqu'elles étaient fautives à l'évidence, leur créant une, Bourse sur mesure, des programmes fiscaux et industriels de développement, un soutien diplomatique à l'étranger qui n'a pas craint les alliances de mauvais goût, sans parler de la présence embarrassante en Afrique, au nom d'intérêts privés, des ex-premiers ministres Jean Chrétien, (thèse 2, glose 3 ; thèse 5, glose 4 ; thèse 6, glose 2 ; thèse 6, glose 3) Joe Clark (thèse 2, glose 4) et Brian Mulroney (thèse 1, glose 1 ; thèse 3, glose 1). Pourquoi donc le Canada revendique-t-il un droit et même un devoir de surveillance et d'intervention auprès de toutes les sociétés intéressées par l'Afrique qui transitent par chez lui, alors qu'il n'a jamais fait montre jusqu'à maintenant de rectitude envers elles ? La réponse se trouve dans la question. C'est hélas notre hypothèse. Il appert que le Canada réclame tous ces pouvoirs sur les sociétés privées présentes chez lui moins pour les sanctionner au besoin que pour leur offrir sa protection politique, juridique et diplomatique. Ce qui s'apparente à une perversion des règles de droit et des mesures internationales auxquelles il affirme souscrire. Les sociétés canadiennes qui sévissent en Afrique évoluent pour la plupart dans le domaine minier et Toronto s'impose sans conteste comme le centre financier de prédilection des sociétés minières dans le monde. On s'interroge par conséquent : le Canada est-il en passe de devenir, à l'instar d'autres lieux mondiaux qui s'improvisent paradis fiscaux ou ports francs, un « paradis judiciaire » pour les sociétés minières (voire pétrolières) ? Déploie-t-il discrètement une aire de souveraineté politique louant sa protection à des instances et entités étrangères de façon à leur garantir l'impunité quant à ce qu'elles commettent à l'étranger ? À l'instar de ce qui se trame en matière d'évasion fiscale et de trafics illicites dans les paradis fiscaux. ...

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