Balder Ex-Libris

Auteur : Aubert Paul (Lazare)
Ouvrage : Pour Hitler ou contre l'Europe
Année : 1934

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J'écris ces lignes dans le désarroi d'une époque impuissante à concilier ses tendances et ses appétits, ses besoins et ses principes. Les mensonges les plus scandaleux et les plus vils n'ont pas, impunément, vicié l'atmosphère de la France. Ce peuple n'a plus de foi, parce qu'on a abusé de sa foi. Ce peuple n'a plus d'espoir, parce qu'on a leurré ses espoirs. Ce peuple n'a plus d'âme, car on a vendu son âme aux puissances de haine, de meurtre et d'argent. Rien ne subsiste, dans le bouleversement général, que l'effrayante crédulité d'une nation qui, ne trouvant plus en elle, la force de réagir, apprête aux fauteurs d'aventures, le support de son inertie. Des centaines de milliers d'hommes sont morts, et des millions d'hommes souffrent, parce qu'on les a trompés ; et quiconque veut détourner de l'erreur cette foule pitoyable voit se dresser contre lui, dans un monstrueux assemblage, les dupeurs et les dupés, les victimes et les profiteurs. On disait, en 1911 : « Nous faisons la guerre du Droit et de la Civilisation. » On disait, en 1919 : « Nous faisons la paix de la Justice. » Chacun sait aujourd'hui que la civilisation n'est pas le meurtre. Chacun sait aujourd'hui que l'aveu extorqué fausse la Justice. Chacun sait aujourd'hui que la Serbie n'avait pas le droit d'armer, à Sérajevo, le bras des assassins ; que la France n'avait pas le droit de soutenir, au prix d'un mensonge, la Russie à laquelle ne la liait, constitutionnellement, nul traité ; que l'Angleterre n'avait pas le droit de sortir, à son tour, d'une apparente neutralité, pour tenir, dans le scénario préparé, le rôle qui lui revenait. Pourquoi tous ces mensonges, que commandait ou qu'inspirait, à l'heure du péril ou de la curée, la raison d'État, n'ont-ils pas été, après coup, honnêtement démentis, ou prudemment éliminés ? ...