Auteur : Lovecraft Phillips Howard
Ouvrage : Air froid
Année : 1926
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Vous me demandez de vous expliquer pourquoi je crains l’air froid, pourquoi je tremble plus que les autres dès que j’entre dans une pièce froide, et parais malade, pris de nausées, lorsque la fraîcheur du soir s’insinue sous la chaleur d’un aprèsmidi de fin d’automne. Il y en a qui disent que je réagis au froid comme d’autres à une mauvaise odeur ; je suis bien le dernier à les démentir. Ce que je vais faire maintenant, c’est vous rendre compte de l’incident le plus abominable qui me soit jamais arrivé et vous laisser le soin de juger, de dire s’il existe une explication satisfaisante à ces réactions qui vous étonnent. C’est une erreur que d’imaginer l’abominable associé toujours indissolublement à l’obscurité, au silence et à la solitude. Moi, je l’ai rencontré dans la clarté d’un milieu d’après-midi, au sein d’une métropole trépidante, alors que je me trouvais soumis à la promiscuité que garantit une pension meublée de la catégorie la plus ordinaire, entouré de ma triste propriétaire et de deux hommes robustes. Au printemps de 1923, j’avais réussi à tirer quelques commandes à des périodiques, travaux aussi peu lucratifs que fastidieux, et me trouvais dans la ville de New York ; incapable évidemment de payer un loyer élevé, je m’étais mis à dériver de meublé en meublé, tous aussi détestables les uns que les autres, à la recherche de la chambre qui combinerait propreté acceptable, mobilier relativement décent et prix plus raisonnable. Je m’aperçus vite que je tombais irrémédiablement de Charybde en Scylla, mais finis néanmoins par trouver une maison située dans la 14e Rue Ouest, qui me déplut un peu moins que les précédentes. C’était un immeuble de grès, à quatre étages, construit sans doute quelque temps avant 1850, meublé de cheminées de marbre et de boiseries dont la splendeur fatiguée attestait une ancienne opulence suivie d’un déclin rapidement précipité. Dans les chambres, grandes, hautes de plafond, décorées d’un papier impossible et de corniches de plâtre d’une complexité grotesque, dominaient une odeur de moisi et des relents de cuisine lointaine. Mais les planchers étaient frottés, les draps supportables, et l’eau chaude n’était que rarement froide ou coupée, si bien que j’en vins à considérer cet endroit comme une tanière assez propice à l’hibernation, en attendant de me retrouver capable de vivre. La propriétaire, dame traînant savate, une Espagnole presque barbue répondant au nom de Herrero, avait le bon goût de m’épargner ses bavardages ou ses considérations personnelles sur l’heure à laquelle j’éteignais l’électricité dans ma chambre, laquelle donnait sur le palier du troisième étage ; et mes colocataires étaient des gens aussi tranquilles et aussi discrets qu’on pouvait les rêver, des Espagnols pour la plupart, dont le niveau de vie était à peine supérieur au minimum vital. En définitive, seul le vacarme des voitures dans l’artère sur laquelle donnaient mes fenêtres se révéla un souci majeur. J’habitais dans cet endroit depuis trois semaines à peu près quand eut lieu le premier incident bizarre. Un soir, il était à peu près huit heures, j’entendis comme une sorte de clapotis contre mon plafond. Dans ma chambre régnait brusquement l’odeur âcre de l’ammoniaque. Regardant autour de moi, je m’aperçus qu’un coin du mur était taché ; un liquide en dégouttait sur le plancher ; l’inondation provenait de l’endroit du plafond le plus proche de la rue. Soucieux de prendre le mal à sa racine, je me précipitai en bas pour avertir la propriétaire des ennuis qui m’arrivaient. Elle m’assura que les choses seraient vite remises en ordre. ...
Davis James Kirkpatrick - Spying on America
Author : Davis James Kirkpatrick Title : Spying on America The FBI's domestic counter-intelligence...